Les auditions sont terminées et heureusement. Comme prévu, nous n’aurons rien appris des deux hommes qui se sont pourtant fait virer. Si, une chose : c’est selon Domenech, la faute de l’Equipe si la France a une équipe en bois.
Jean-Pierre Escalettes avait tout pour tout dire : un huis clos qui rassure et une démission qui lui avait été réclamée par la Ministre et pourtant il n’a rien dit. Fan des Bleus depuis des lustres, il aime trop les joueurs pour dire les choses et a préféré le silence. Il aura tout de même concédé avoir tenté de discuter avec les joueurs pour éviter la grève sans aucun succès. Un vieil homme de 75 ans tout simplement dépassé et sans autorité. Bonne retraite.
Raymond Domenech lui non plus n’a rien voulu lâcher sinon son refrain habituel : c’est la faute de la presse. Il a clairement mis en accusation le journal L’Equipe et sa Une magique : « Va te faire enculer, sale fils de pute ». C’est pour lui l’élément déclencheur de ce dimanche 20 juin incroyable. Pas un mot sur le jeu, les joueurs, rien.
Domenech a t-il raison de mettre en cause le seul quotidien sportif français ? Oui et non. Oui parce que L’Equipe n’a pas correctement fait son travail et publiant des propos qui n’étaient pas exactement ceux d’Anelka. L’Equipe a fait croire qu’il avait proclamé et que tout le vestiaire avait entendu or on sait aujourd’hui qu’il ne s’agissait que d’insultes dans la barbe du joueur de Chelsea. L’Equipe s’est clairement fait Anelka et cette équipe de France qui n’a jamais rien donné à la presse depuis des mois.
Domenech a aussi tort parce que les premiers coupables restent les joueurs. Des imposteurs comme l’a très justement, cette fois, titré L’equipe au lendemain de la défaite contre le Mexique. La faillite est aussi celle d’un staff qui n’a pas su incarner une autorité, une force, une crédibilité aux yeux d’un groupe pourtant assez jeune et qui ne comptait pas de vieux routiers comme Maké ou Vieira.
On ne saura finalement pas grand chose de ce qui s’est passé dans cette équipe et dans ce bus jusqu’à qu’un des acteurs décide de se raconter un jour ou l’autre. William Gallas a déjà fait un livre, ce ne sera pas lui, Henry aime trop Anelka pour le mettre en difficulté, Evra lui est muselé par Manchester. On ne pourra compter que sur les idiots comme Valbuena ou Govou pour dire les choses.
Au final, peu importe ce qu’apporteront ces témoignages. Laurent Blanc n’a pas besoin de savoir qui est gentil ou méchant dans cette équipe. Les députés non plus. Nos élus ont voulu satisfaire une curiosité et même un certain voyeurisme. La société ne comprend pas pourquoi Anelka a dit cela mais le monde du football ne comprend pas que cela soit sorti du vestiaire. Un dialogue de sourd et le symbole de l’écart entre deux mondes.
Lech Makaay