Il y a quelques années, je quittais Montpellier pour la région parisienne. "Quelle folie!" me signifiait certaines personnes de mon entourage, dégoûtées par le rythme de vie de la capitale, préférant les douceurs du climat méditerranéen. Je les comprends. Je quittais également une petite communauté protestante avec laquelle j'avais noué des attaches très fortes que seule la quête d'un emploi et d'une immersion dans le monde professionnel pouvait expliquer. Mon pasteur m'offrit deux ouvrages. L'Ethique de Dietrich Bonhoeffer et L'audace de la foi de George Müller. Le premier étant très théologique, très technique, il n'a pas encore été épluché comme il le faut. Par contre, c'est une seconde lecture que je viens de réaliser de l'ouvrage de George Müller, un ensemble de notes de son journal intime extrêmement riche d'enseignements.
C'est un ouvrage étonnant que je viens donc de relire. Il traite d'une personnalité hors du commun dont les choix de vie étonneront beaucoup. George Müller est un pasteur allemand né au début 19ème siècle, et qui a principalement travaillé sur la ville anglaise de Bristol. Parmi les faits marquants de son ministère, on note les orphelinats qu'il a fondés et développés sur cette ville au coeur de ce siècle où beaucoup d'orphelins étaient placés dans des centres de détention faute de place dans les hospices ou les orphelinats.
Ce livre retrace la vie de cette homme, sa conversion radicale à la foi chrétienne, son action au sein des mouvements des frères, mouvement évangélique né durant cette période et s'appuyant sur un retour à une liturgie proche de l'église primitive, son engagement pour les enfants pauvres de Bristol tant par la création d'écoles, que celle d'orphelinats.
L'intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu'il nous permet de comprendre les motivations de l'action sociale de George Müller et les moyens utilisés par cet homme sans ressource pour atteindre ses objectifs.
Page 53, L'audace de la foi, Éditions Emmaüs
Certes, je désire de tout cœur que Dieu m'emploie pour faire du bien à des pauvres sans père ni mère; avec son aide, je m'occuperai de leurs corps et de leurs besoins temporels et je veillerai à ce qu'ils soient élevés dans sa crainte. Cependant, mon but principal, c'est que Dieu soit glorifié. Qu'il soit glorifié parce que les orphelinats auront tout ce qu'il leur faudra uniquement en réponse à la prière et à la foi, et sans que rien ne soit demandé à personne. par là, il sera évident que Dieu est toujours fidèle, et qu'il répond toujours à la prière.
Notre homme se tiendra à cette vision et donc à ce mode de fonctionnement toute sa vie. Je dois dire que certains faits semblent; à la première lecture, relevés de la fiction. La simplicité de la démarche de Müller m'a une nouvelle fois bousculer et pousser dans mes retranchements. Cette homme est passé par des situations extrêmes par lesquelles il a marché à vue, voir, disons-le, dans un brouillard à couper au couteau. Avec la gamelle de plusieurs centaines de gamins à remplir. L'audace de la foi. Pendant une quarantaine d'années Müller va gérer les orphelinats. Au soir de sa vie, il voyagera de par le monde pour, en s'appuyant sur son expérience avec les orphelinats, évangéliser mais également encourager des auditoires importants sur la pertinence de la foi.
Ce livre permet de rentrer dans l'intimité d'un homme qui aura réussi à transformer de nombreuses vies en plaçant son espérance uniquement en Dieu. Un texte qui se lit assez facilement, très rafraichissant qui ne manquera d'étonner les plus sceptiques. Mais c'était l'ambition de George Müller.
Bonne lecture,
George Müller, L'audace de la foiEditions Emmaüs, Parution en 1982, 175 pages