Le mois de juin est celui des tournées des équipes de l’hémisphère nord dans l’autre hémisphère. Toutes les grandes nations étaient en déplacement, après une pause due à la tournée des Lions en 2009 qui a privé de sortie les équipes britanniques.
Voici le bilan de ces tournées, en attendant le Tri-Nations qui commencera le 10 juillet prochain, avec un aparté sur la tournée désastreuse de l’équipe de France.
Le coq tricolore mais avec la tête rouge comme le sang. Un résumé du mois de juin pour les équipes de France.
Les résultats.
5 juin
Australie-Fidji 49-3
Pays de Galles – Afrique du Sud 31-34
Pas de problème pour les Australiens pendant que les Sud-Africains alignaient une équipe prime. La victoire est plus nette que le score n’indique mais les Gallois ont fait leur spécialité de revenir en fin de match.
12 juin
Nouvelle-Zélande – Irlande 66-28
Australie-Angleterre 27-17
Afrique du Sud-France 42-17
Argentine-Ecosse 16-24
Deux cartons ce jour-là. Les Blacks ont écrasé des Irlandais qui ont joué 65 minutes à quatorze après l’exclusion d’Heaslip. Cela n’est peut-être pas totalement significatif mais quand même, la démonstration a été largement convaincante. Les Sud-Africains ont battu des Français qui ont perdu le match dans le premier quart d’heure. La différence de niveau, de forme et de volonté s’est clairement affichée entre les champions du monde, de l’hémisphère sud et les champions d’Europe.
Par contre, l’Angleterre a fait souffrir des Australiens, partis très vite mais rattrapés à 21-17, avant de s’imposer de dix points. La Rose a relevé une première fois la tête.
Quant à l’Ecosse, elle a battu une Argentine assez tristounette. Les 6 pénalités et les 2 drops de Dan Parks ont suffi aux Highlanders pour s’imposer et prendre leur revanche de novembre où les Pumas avaient gagné 9-6.
19 juin.
Nouvelle-Zélande – Pays de Galles 42-9
Afrique du Sud – Italie 29-13
Australie – Angleterre 20-21
Argentine- Ecosse 9-13
L’Ecosse récidive contre les Pumas, cette fois en marquant un essai. Les Anglais créent la sensation contre les Australiens. Les Blacks ont enfoncé des Gallois dépassés et les Italiens ont plutôt bien joué contre des Boks maladroits et un peu suffisants. Ajoutons la victoire de France A contre l’Argentine A, sans convaincre de bout en bout.
26 juin.
Nouvelle-Zélande – Pays de Galles 29-10
Afrique du Sud – Italie 55-11
Australie-Irlande 22-15
Argentine-France 41-13
Victoire nette des Blacks, moins importante que la semaine précédente mais parce que les Gallois ont été plus acharnés en défense et plus pénalisés. Carter a inscrit 17 points sur coups de pied. Les Australiens ont plus ou moins ramés contre les Irlandais, capables de ne marquer que sur des buts. L’Afrique du Sud a rectifié le tir et Habana est devenu le meilleur marquer d’essai des Boks (39 en 60 sélections). Enfin l’Argentine a coulé la France qui a lâché prise à partir de la demi-heure de jeu, une victoire historique par sa largesse.
Bilan.
Bilan positif.
On peut citer trois grands gagnants : l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Ecosse. Les deux premiers ont été largement dominateurs et leur jeu est bien en place. Toutefois les Boks sont plus inconstants que les Blacks, mais ces derniers dépendent encore et encore de l’influence de Daniel Carter.
L’Ecosse gagne deux matches en Argentine, c’est une belle performance.
Parmi les gagnants, mais un peu moins, j’ajouterai l’Angleterre qui est la seule équipe à s’imposer contre une nation du Trinations.
Les perdants.
Gallois et Irlandais allaient disputer des tournées difficiles, leur résultat n’a pas de grande surprise. Notons au passage que l’IRB a sanctionné de 5 semaines Jamie Heaslip pour des coups de genoux dangereux, ce qui lui permet de passer des vacances tranquille. L’Irlande a montré un meilleur visage en Australie pendant que BOD a battu le record de sélections.
Les Italiens sont des demi-perdants. Demis parce qu’ils allaient affronter les Boks, qu’ils ont perdu les deux matches, mais en s’étant bien battus dans le premier. L’équipe progresse mais a les limites qu’on connaît.
L’Australie est quand même un demi-perdant. Deux victoires, une défaite mais trois matches assez laborieux. Pourtant ce n’est pas le manque d’ouvreurs qui en est la cause (entre Cooper, Giteau, Barnes, ils pourraient nous en donner un) mais bien le style de jeu insipide de Robbie Deans, l’ancien coach des Crusaders. Sa place est un peu plus remise en question chaque jour.
L’Argentine est une perdante. Deux défaites contre l’Écosse mais une belle victoire contre la France, qui ne rattrape quand même pas tout.
La grande perdante est bien entendu l’équipe de France.
La morale de l’histoire est la suivante : quand on porte un maillot bleu, il valait mieux ne pas aller en Afrique du Sud au mois de juin.
La déroute française.
Chaque mois de juin est l’occasion d’un même constat, de répéter le plus souvent les mêmes choses, sans qu’on ait le début d’un commencement d’une solution.
La France était à bout de souffle après une saison à rallonge. Le calendrier, ce maudit calendrier, épuise les énergies. On a rajouté un match de playoff pour donner de l’intérêt, mais on retire une semaine de récupération. La saison est démesurément trop longue : 29 journées de Patop 14, 9 week-end de Coupe d’Europe. Ajoutez à cela les 10 week-ends internationaux, vous faites le calcul. C’est invraisemblable : on arrive à 48 journées sur 52 semaines (avec des journées disputées en semaine).
Mais quand aura-t-on des dirigeants responsables à la tête de la FFR et de la LNR ?
Et je ne parle pas des conséquences en terme de finances, de formation et de recrutement. Plus on joue de journées, plus on doit élargir l’effectif. Ca dure depuis toujours (15 ans)
Passons maintenant aux joueurs. Usés, fatigués et sans doute pas motivés au maximum pour aller voir si l’eau coule dans le sens inverse. Les quelques absents, poutres de la victoire dans le Tournoi, n’ont pas été remplacés mais les remplaçants n’ont pas convaincu. Il n’y a pas de révélation quoiqu’on en dise.
Au passage, j’aimerai souligner que les équipes du Sud disposent d’un mois complet de préparation (sauf les Sud-Africains qui en ont entre 2 et 3 semaines) avant de disputer les tests de novembre. Les Européens, et les Français, enchainent pratiquement sans pause entre le fin du Patop 14 et les tournées. Difficile également de préparer une équipe sans avoir le temps de le faire.
Dans un article précédent, qui présentait le Tournoi des Six Nations, j’avais exprimé un certain nombre de réserves sur les entraineurs et le projet de l’équipe. Le Grand Chelem n’a pas fait disparaître ces inquiétudes. Certes, la défense, la mêlée et la conquête ont fait le succès à l’hiver. Mais tout cela s’est évanoui ou a été moins impressionnant en juin. On peut le dire : il n’y a pas de projet offensif réellement construit avec Marc Lièvremont.
La défense a volé en éclats. Notamment tout ce qui concerne les 15 mètres autour des regroupements où les Bleus ont laissé des brèches énormes : Contepomi par deux fois s’est régalé et l’Afrique du Sud aussi. Ne parlons pas de l’essai en relance des Argentins en fin de première mi-temps : invraisemblable.
Felipe Contepomi : le bourreau (31 points) d'une équipe de France à la dérive au stade Velez Sarsfeld
Trinh-Duc n’est clairement pas un ouvreur de niveau international. Certes, il a des qualités pour défier la défense adverse mais c’est loin de compenser son jeu au pied et son jeu de passe insuffisants à ce niveau. Le problème, c’est qu’il est un des rares français titulaires réguliers à l’ouverture en France. Beauxis doit se refaire, Michalak va-t-il revenir ? Bref, c’est le tarissement.
La ligne de trois-quarts est aussi suspecte tant en défense qu’en attaque. Jauzion n’était pas là certes mais c’est loin de tout expliquer. Et la France est incapable d’enchainer les temps de jeu et d’accélérer les sorties de ballon.
Ces difficultés-là avaient été étouffées par la brillante prestation des avants durant le Tournoi mais force est de reconnaître qu’on stagne depuis un bout de temps. Et Lièvremont est en place depuis 2 ans et demi sans que cela avance (hormis sur les phases statiques). Il faut absolument trouver quelque chose pour les tournées d’automne. Mais il n’aura pas, comme ses prédécesseurs, tous les atouts en main pour réussir. De la part de quelqu’un qui revendique le french flair (qui est définitivement mort, il suffit de voir le niveau déplorable de l’équipe à VII), on est loin, très loin du compte. La ligne d’attaque française n’est pas bonne tout simplement.
Le Trinations.
A partir du 10 juillet le Trinations ponctue les week-ends hivernaux (dans le Sud).
10 juillet : Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud (Auckland)
17 juillet : Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud (Wellington)
24 juillet : Australie – Afrique du Sud (Brisbane)
31 juillet : Australie – Nouvelle-Zélande (Melbourne)
7 août : Nouvelle-Zélande – Australie (Christchurch)
21 août : Afrique du Sud – Nouvelle-Zélande (Johannesburg)
28 août : Afrique du Sud – Australie (Pretoria)
4 septembre : Afrique du Sud – Australie (Bloemfontein)
11 septembre : Australie- Nouvelle-Zélande (Sydney)
Dès les deux premières journées, nous saurons qui de la Nouvelle-Zélande ou de l’Afrique du Sud va gagner le Trinations. Je n’ai pas beaucoup d’espoirs pour les Australiens.
Si les Boks s’imposent une fois en Nouvelle-Zélande, ils auront de très fortes chances de conserver leur bien. Sinon, tout pourrait se jouer au mois de septembre.