Le gouvernement dévoile mercredi une nouvelle facette d’un plan de rigueur qui ne dit pas son nom: un programme de modernisation de l’Etat censé rapporter 10 milliards d’euros d’ici 2013, grâce notamment à la suppression contestée de 100.000 postes de fonctionnaires.
Cette deuxième phase de la Révision générale des Politiques publiques (RGPP), lancée par Nicolas Sarkozy dès 2007, ce sont 150 mesures, parfois anecdotiques, avec deux objectifs affichés: simplifier le carcan administratif et contribuer à la réduction du déficit public.
Les principales mesures, concernant les fonctionnaires ou la rationalisation du patrimoine immobilier de l’Etat, étaient déjà connues. Mais petit à petit, après le gel des dépenses, la réforme des retraites et le coup de rabot aux niches fiscales, le gouvernement détaille le plan visant à réduire son déficit de 100 milliards d’euros d’ici 2013, dont 40 milliards dès l’an prochain, comme il s’y est engagé auprès de Bruxelles.
«A l’inverse d’autres gouvernements européens, Nicolas Sarkozy n’a pas fait d’annonce solennelle expliquant comment l’effort serait fait», explique l’économiste Elie Cohen, du CNRS.
Selon lui, «comme le mot rigueur est tabou, le gouvernement est contraint d’en faire sans le dire». «En fait, son plan de rigueur, le chef de l’Etat le distille semaine après semaine, par petite dose, avec une augmentation d’impôt par ci, une baisse de dépense par là», estime-t-il.
Le ministre du Budget, François Baroin, qui a présenté mercredi en conseil des ministres cette nouvelle étape de la RGPP, rappelle que la première a permis d’économiser sept milliards d’euros.
Pour trouver dix milliards supplémentaires, il mise notamment sur la poursuite d’une mesure phare du quinquennat, très contestée par les syndicats et la gauche: le non remplacement d’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, qui se traduire entre 2011 et 2013 par la suppression de 100.000 nouveaux postes.
Bercy chiffre l’économie réalisée à trois milliards d’euros, mais la moitié de cette somme sera «restituée» aux agents de l’Etat, ce qui diminue d’autant le gain pour les comptes publics.
Dans le collimateur de Bercy également, les dépenses de fonctionnement de l’Etat, rognées de 10%, soit une économie de deux milliards d’euros d’ici 2013. Cela comprend des mesures diverses, comme la centralisation des achats de l’administration (700 millions d’économies) ou la modernisation de son parc informatique (300 millions).
Le fil conducteur de ces coupes doit être, selon François Baroin, d’améliorer «la qualité du service rendu aux citoyens», en simplifiant les démarches administratives.
Enfin, le gouvernement entend réduire de 10% les dépenses d’intervention, qui comprennent plusieurs aides économiques et sociales, soit une économie de cinq milliards.
Mais sur ce sujet, il n’annoncera qu’en fin de semaine le montant maximum que les ministères seront autorisés à dépenser en 2011, nouvelle touche au tableau impressionniste qu’il peint depuis le printemps.
Au final, le plan de rigueur ne devrait apparaître dans son ensemble que lors de la présentation, en septembre, du projet de budget pour l’an prochain.
D’ici là, de nouvelles annonces devraient intervenir, notamment si Bercy doit revoir à la baisse, comme c’est probable, sa prévision de croissance.
Le gouvernement semblait ainsi se diriger mercredi vers un gel des salaires des fonctionnaires pour les trois prochaines années, et François Baroin a affirmé que la réduction des niches fiscales représentait un «potentiel d’économies de 10 milliards d’euros dès 2011», soit plus que les 5 à 8,5 milliards annoncés jusqu’ici.
(Source AFP)