Le transport aérien tourne le dos ŕ la crise …et au volcan islandais.
On ne s’y retrouvait plus : la récession était terminée, disait-on, du point de vue des compagnies aériennes tout au moins, le trafic progressait ŕ nouveau, puis un volcan islandais dont personne n’avait jamais entendu parler est soudainement sorti de son sommeil et a créé le chaos. Dčs cet instant, il est devenu impossible de faire le point, d’apprécier la situation, et cela plus particuličrement en Europe.
Aujourd’hui, nous commençons ŕ nouveau ŕ y voir clair, grâce aux statistiques de trafic de mai de l’IATA. Elles font apparaître, ŕ un an de distance, une progression du trafic passagers de 11,7% et un bond en avant du fret de 34,3%. Nombreux sont ceux, ŕ n’en pas douter, qui relisent ces chiffres par deux fois avant d’y croire ou qui redoutent une malencontreuse faute de frappe. Ce sont pourtant les vrais chiffres, les bons chiffres.
L’éruption du volcan avait brouillé les cartes, avec des conséquences que l’on comprend mieux ce mois-ci. Le trafic trčs en recul d’avril avait littéralement cassé la reprise du trafic mais la demande ne s’était pas évaporée pour autant. Elle s’était tout simplement mise en attente et a repris son mouvement dčs que les cendres ont disparu. Ce qui permet de penser que les chiffres de juin seront moins extraordinaires, l’essentiel de la normalisation étant déjŕ terminée.
Une fois encore, il convient de manier les statistiques avec beaucoup de prudence, en évitant le risque de généralisations qui feraient perdre de vue des situations trčs contrastées d’un pays ŕ l’autre, voire d’une compagnie ŕ l’autre. Ces précautions s’imposent d’autant plus que le volcan islandais a semé le chaos en Europe mais n’a eu qu’un impact limité ailleurs dans le monde. Au niveau des compagnies membres de l’AEA (Association of European Airlines), en avril, la chute brutale du trafic avait atteint 13,1%. En mai, en revanche, l’AEA a enregistré une hausse se situant entre 6 et 8% (les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles). Malheureusement, les compagnies low-cost sont avares en statistiques mensuelles et aucun repčre les concernant n’est actuellement accessible.
Par rapport aux moyennes IATA, la progression de mai d’Air France-KLM est moindre, sans que l’on ose pour autant la qualifier de médiocre. Le trafic passagers du tandem franco-hollandais a en effet progressé de 4,3%, soit un tiers environ du niveau général. Pour le fret, AF-KL enregistre une progression de 8,7%, trčs éloignée du saut de 34,3% de l’ensemble de la profession. L’explication relčve bien entendu de l’évolution de la conjoncture, toujours médiocre localement.
Pour l’ensemble des acteurs européens membres de l’IATA, la progression de mai a atteint une moyenne de 8,3% et, placé dans ce contexte, AF-KL est bien ŕ la traîne. Les économistes de IATA soulignent pour leur part la faiblesse relative de la reprise européenne. Cela, bien sűr, sans la moindre allusion aux low-cost, superbement ignorées, quoi qu’il arrive, par le groupement professionnel genevois.
L’écart entre l’Europe et les autres régions du monde apparaît aussi en matičre de coefficient d’occupation des sičges, baromčtre du rapport entre demande et capacité offerte. A l’échelle du monde, pour les seules lignes internationales, il est remonté ŕ prčs de 79% mais se situe deux points plus bas en Europe. Autre repčre instructif, toujours en mai, le fret européen a progressé de 21,9% Ťseulementť (les circonstances sont pour le moins particuličres) alors, nous l’avons dit, l’augmentation moyenne mondiale atteint 34,3%. L’affaiblissement du dollar par rapport ŕ l’euro pourrait faciliter les choses, déjŕ dans le court terme.
Quoi qu’il en soit, le retour des beaux jours est confirmé. Mais la météo conjoncturelle n’est pas la męme pour tout le monde.
Pierre Sparaco - AeroMorning