Il a toujours existé un lien très fort entre la politique et le sport, qu’il s’agisse de la coupe du monde de football, des jeux olympiques ou de toute autre compétition. Le sport permet de galvaniser les énergies, de stimuler le patriotisme et de faire tourner une économie considérable. À ce titre, il n’est pas étonnant que les politiques s’intéressent au sport. Il faudrait être naïf, idiot ou hypocrite pour affirmer qu’il n’y a pas de lien entre l’un et l’autre. Toutes les dictatures ont fait du sport un enjeu central de propagande. Ce fut le cas de l’Italie fasciste, de l’Allemagne hitlérienne, de la RDA, de l’URSS et de la Chine contemporaine. Dans les démocraties modernes, le sport est évidemment un objet de préoccupations politiques mais nos dirigeants prenaient garde de maintenir une certaine distance avec les instances sportives.
En France, on allait vibrer au stade une bière à la main pour montrer sa proximité avec le peuple et quand l’occasion se présentait, on pouvait récupérer la notoriété d’un sportif ou les victoires sportives d’une équipe, promue au rang d’allégorie nationale, dont les membres chantaient la Marseillaise en uniformes.
Aujourd’hui, nous assistons à un feu d’artifice dans le grotesque et la démesure. Dans un gouvernement autiste laminé par les scandales, dans un pays qui compte près de 4.5 millions de chômeurs, avec un déficit public de 8.5% du PIB : deux ministres se déplacent en Afrique du Sud pour tancer vertement une poignée d’adolescents un peu trop mous. Le fiasco consommé, le Président de la République convoque des joueurs pour comprendre les origines du drame. On exige la démission du président de la fédération et pour faire bonne mesure, la commission des affaires culturelles de l’Assemblée décide d’auditionner le président démissionnaire et l’entraineur…
Stéphane Guillon, lui aussi congédié pour lèse-majesté, parlait d’un vaudeville en décrivant la situation politique actuelle, avant de conclure qu’il s’agissait peut-être d’une tragédie. Je me pose une autre question : cela ne commence-t-il pas à ressembler à de la science fiction ?? Une sorte de mélange entre 1984 de George Orwell et la Soupe au choux ??? Même l’équipe de Corée du Nord, qui a été éliminée de façon aussi grotesque que l’équipe de France n’a pas déclenché pareille affaire d’état à son retour au pays. (Ou alors je ne suis pas au courant… Il faut dire que les journaux sont à peu près aussi indépendant que la radio France Inter depuis l’arrivée de Philippe Val.)