«Ah ! si j’avais un marteau karcher» ! Je sais bien de quelle “caillera” j’aimerais nettoyer la France. Celle qui s’en met plein les fouilles pendant que nous morflons grave à cause de la crise économique et sociale. Dont ils sont tous largement responsables. Et parce qu’à l’instar de ce qui se disait dans les cours d’école, c’est le plus souvent «c’ui ki dit qu’y est» : la délinquance économique à la mode Woerth serait-elle moins grave que le système D dans les banlieues de relégation sociale ? Notez bien que je ne parle ni des trafics ni – encore moins – du grand banditisme qui semble y prendre racine : le candidat Sarkozy qui prétendait en juin 2005 nettoyer au karcher la cité des 4000 à la Courneuve y essuie tout au contraire un échec des plus retentissants.
Je lisais il y a peu (Le Monde du 3 juin 2010) qu’y fleurissaient des kalachnikovs sur fond de trafic de drogue comme dans bien d’autres banlieues craignos. Une mode. Comme en son temps celle des chiens d’attaque. Dieu ! Quel progrès. Une pauvre fliquette de 26 ans qui n’avait rien à voir avec la chasse aux gangsters en est morte dernièrement. Triste à pleurer.
Nicolas Sarkozy c’est le scandale permanent et la provoc. Il ne s’est nullement rendu dans le 93 pour rassurer la population mais pour montrer ses muscles : sa police de choc. De toute façon, sa visite avait lieu la nuit. Il ne risquait pas trop d’être confronté à la popu-lation : courageux mais non point téméraire, le Troll de l’Elysée qui doit quand même être informé de la détestation dont il fait l’objet, notamment dans les banlieues les plus populaires. Nul doute qu’en retour il haïsse les gens des cités et se foute royalement qu’ils subissent ou participent aux trafics et violences. Pour lui, c’est la même engeance : celle des “salauds de pauvres”.
S’il s’y fait insulter – ce qui n’est nullement recomman-dable, surtout avec quelqu’un qui ne connaît que la violence pour réponse… fort loin d’un Jacques Chirac qui s’étant fait traiter de c… si ma mémoire ne m’abuse, répondit «enchanté, moi c’est Jacques Chirac»… - autres temps, autre mœurs, autre éducation et nulle haine chevillée au corps et à l’âme avec un brin d’humour qui désamorce bien des conflits - c’est que les jeunes sont excédés de subir à longueur de temps la violence des flics, sur fond de racisme le plus souvent. Nicolas Sarkozy a choisi de supprimer la police de proximité qui avait pourtant fait ses preuves et de la remplacer par les BAC qui en général ne font pas dans la dentelle.
«Brigades anti-criminalité» ! qu’il ne répugne d’ailleurs pas d’envoyer contre des manifestants pacifiques, comme naguère à Orléans. Mais surtout, traiter la petite délinquance comme la grande, nous en voyons aujourd’hui le résultat… La violence et la criminalité – y compris le grand banditisme - en hausse. Le niveau d’insécurité encore plus important et qui ne tient plus du seul «sentiment d’insécurité». Des règlements de compte à l’arme lourde en pleine rue, au risque de faire des victimes parmi les passants. Cela c’est déjà produit à moult reprises, notamment à Paris. La banlieue y exporte ses malfrats. Quel beau bilan depuis le retour de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur en 2005.
Or donc, premier scandale.
Un jeune qui, après avoir réussi à contourner le dispositif de sécurité, a eu le tort d’apostropher le chef de l’Etat en ces termes «Va te faire enculer connard, ici t’es chez moi». Il dit «avoir exprimé son opinion vis-à-vis du Président». Fort bien. Je n’en pense pas moins mais m’attache à l’exprimer moins discourtoisement… Nulle envie d’encourir la censure et je ne vois pas pourquoi je serais choquée par de semblables propos tenus par Anelka à l’égard de Raymond Domenech que je considère également comme un triple idiot et trouverais normal qu’un quidam s’adressât à Nicolas Sarkozy dans les mêmes termes. Lors même qu’il donne lui-même l’exemple en matière d’injures et que j’en connais certainement plus qu’eux dans ce registre ! Y compris en Solognot et en anglais : «fucking bastard» qui selon mon Ecossaise de mère était l’injure suprême outre-Manche.
J’aimerais toutefois savoir si la riposte des flics de Sarko eût été différente s’il avait apostrophé en lui disant «Monsieur, vous n’avez rien à faire ici»
J’en doute. Toujours est-il que je lis sur le Figaro Des heures de travail pour avoir insulté le président – l’article le plus clair sur ces faits avec 20 minutes - que son avocate parlait d’une interpellation «musclée» : avec placage au sol et menottage. Pour être musclée, elle dû l’être car elle lui valut 9 jours d’incapacité totale de travail (ITT) et qu’à l’audience du lendemain, il présentait un visage «très marqué par les coups reçus». Selon son avocate, qui a confirmé que le casier judiciaire était vierge, son client «a la tête défigurée, un oedème au niveau du visage, le nez amoché, des pansements» et «ne va pas du tout bien».
Ce qui n’a nullement empêché les 3 flics auteurs de cette agression – il n’y a pas d’autres mots – d’avoir obtenu une ITT d’une journée – ils ont dû se faire mal aux poings
Il me semble que les journalistes tant du Figaro que de 20 minutes font une erreur en indiquant que le prévenu encourait une peine de six mois de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 7.500 euros au titre d’outrage au président de la République et que deux autres délits lui étaient reprochés : outrage à la police et rébellion lors de son interpellation.
J’ai beau n’être qu’une toute petite juriste, je ne prends jamais pour argent comptant des affirmations d’ordre juridique dont je ne suis pas certaine. En ce qui concerne le délit d’outrage au président de la République, je n’ai trouvé que l’article 26 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (lequel fait référence à l’article 23 pour les délits concernés) qui réprime le délit d’offense au chef de l’Etat par une amende de 45.000 euros.
Ce sont les articles 433-5 du Code pénal : outrage envers une personne dépositaire de l’autorité publique, lequel est passible de 6 mois d’emprisonnement et 7.500 euros d’amende, et 433-6 et suivants : rébellion entendue comme résistance violente opposée à une personne dépositaire de l’autorité publique, passible d’un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende.
Ce dernier délit est de plus en plus fréquent et très lié ce me semble aux conditions dans lesquelles se déroulent trop souvent les interpellations, du fait des violences policières.
Je n’ai jamais été interpellée – à Dieu ne plaise que cela ne m’arrivât jamais ! et jusqu’à présent je n’ai rien fait qui soit passible d’un tel traitement - et ne peux donc savoir comment je réagirais si j’étais plaquée au sol ou sur une voiture. Mais croyez bien que je n’apprécierais sûrement pas le procédé et que nul ne peut savoir a priori comment il réagirait en pareille circonstance !
Toujours est-il que les juges de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Bobigny – le prévenu a été jugé en comparution immédiate (Libération) et selon son avocate, «la plainte émanerait des policiers» – se sont montrés nettement plus cléments que le procureur qui réclamait 210 heures de travaux d’intérêt général assortis d’une interdiction des droits civiques ! en le condamnant à 35 heures de TIG… soit la semaine de travail que Sarko ne peut encadrer me fit remarquer Clio hier au téléphone
Jugement que les flics du syndicat policier Alliance trouveraient trop clément, cf. la réaction de Sébastien Bailly, représentant d’Alliance 93 : «Cela ne donne vraiment pas envie aux collègues de s’investir». Si c’est pour s’investir uniquement dans la défense de Nicolas Sarkozy et défendre les méthodes des «cognes», ce syndicat de bénis-oui-oui a déjà suffisamment ses preuves … Il ne mérite que le mépris le plus total.
Qu’ils s’occupent plutôt de la répression des trafics… Ce sont les mêmes qui tentèrent de faire échec à des interpellations de prévenus dans une affaire de trafic de drogue, précisément dans le ressort du tribunal de Bobigny… parce que les juges réclamaient l’application des normes européennes – la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme qui s’impose à tous les Etats signataires, dont la France ! de la déclaration européenne des droits de l’homme – en matière de garde à vue. J’ai malheureusement pour eux et de la mémoire et des archives : Tensions entre juges et policiers sur la garde à vue… Le Monde du 14 janvier 2010.
Deux scandales sinon rien : Un journaliste de France 3 affirme avoir été giflé par le service d’ordre de Sarkozy (Libération) parmi un florilège d’articles de la presse quotidienne ou hebdomadaire sur le sujet.
En marge de cette première affaire, celle de Pierre Lassus, reporter d’image de France 3 qui se trouvait sur les lieux tout à fait par hasard – il faisait un reportage sur les trafics en Seine-St-Denis et, pour une fois ! Sarko se déplaçait sans avoir convoqué les médias. Il avait pris la précaution de signaler sa présence à Brice Hortefeux, lui demandant l’autorisation de filmer… Las ! la garde prétorienne de Sarko n’en a tenu nullement compte et le pauvre journaliste s’est pris une baffe en pleine gueule d’un membre du service – il faudra bien un jour écrire “sévice” – d’ordre de Nicolas Sarkozy, assorti d’un «On ne filme pas» !
Vous dire ma colère quand j’ai lu cela… Là aussi, méga poussée de quelque chose qui s’apparente à l’adrénaline. Sa nasarde, j’aimerais bien là lui retourner à ce c… de première bourre. Il se croit quoi ? Tout permis. En tout cas, encore une affaire qui fait un sacré barouf dans le Landerneau journalistique et qui n’est évidemment nullement à l’honneur de la conception sarkoïdale de la presse – aux ordres… j’en reparlerais bien évidemment à l’occasion de la tentative aussi maladroite que délirante de Nicolas Sarkozy de faire main basse sur Le Monde – tant le SNJ-CGT de France Télévisions qui a décidé de porter plainte «pour atteinte à la liberté de la presse» et de saisir le ministre de l’Intérieur pour qu’une enquête soit diligentée par l’inspection générale des services, a indiqué à l’AFP Jean-François Téaldi que la société des journalistes (SDJ) de France 3 qui a dénoncé une «grave atteinte à la liberté de la presse». «A l’évidence, la présidence de la République n’accepte les médias que dans un cadre qu’elle a au préalable strictement défini, pour contrôler au mieux son image»/
Contrôler au mieux son image ?
Nonobstant ma colère, qu’il me soit permis de rigoler : elle s’est tellement dégradée – aussi bien en France qu’à l’étranger – que tous les sbires de Sarko pourront bien baffer tous les journalistes qui ne l’agréent point, et même mémé Kamizole qui pour n’être pas journaliste rend compte de l’actualité, qu’ils ne risquent pas de la redorer, en agissant pareillement, bien au contraire…
Un apprenti dictateur au petit pied (talonnette non comprise) qui s’apparente plus au général Tapioca qu’à un président démocrate d’une république imbue des droits de l’homme et des libertés publiques.