La maladie mentale nous oblige sans cesse à reconsidérer notre place sociale : comment se représenter autrement la société et penser en même temps ses transformations et ses permanences ? Parmi les changements en cours, la réduction de la durée moyenne de séjour, les alternatives à l’hospitalisation – sortir des murs de l’institution – tout comme le travail interprofessionnel, la revalorisation des droits des patients et la montée de la précarité sont autant de facteurs qui impactent sur les pratiques professionnelles. Au-delà d’une opposition historique entre psychanalyse et thérapies comportementales, le monde des ergothérapeutes se distribue aujourd’hui en un arc-en-ciel de postures. Ne serait-ce pas cet arc qui permettrait d’accompagner la personne en souffrance psychique dans diverses situations et ce, en institution comme dans la cité ?
Si certains se plaisent à énoncer que l’ergothérapie est socialement et culturellement pertinente, n’oublions pas qu’elle est une pratique locale, contextualisée et spécifique à un moment donné, et qu’il lui reste à prouver que telle activité de médiation est thérapeutique : comment, autrement que par la recherche et par l’évaluation des pratiques professionnelles, la profession arrivera-t-elle à accéder aux pratiques probantes sans y perdre son âme ? Chemin éthique indispensable qui nécessite d’articuler méthodologie, clinique, formalisation et conceptualisation.
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Alors que cette préface, cet avant-dire, bien que réalisée après l’écriture en tant que dire-après, donne envie de lire mais surtout d’écrire d’autres dire, de les faire partager et de les confronter, qu’ils émanent d’étudiants ou de professionnels.
Hélène HERNANDEZ
Vice-présidente de l’ANFE