Écriture forte ; proximité, déformation, voire fusion des corps des personnages. Ce sentiment de tension entre le lecteur et le personnage principal ne peut laisser indifférent.
Pour une fois, le flic - Milo Rojevic, alias Casanova - n’est pas que alcoolo et paumé. Il est surtout fort, ou plus exactement, puissant, immobile, face aux bourrasques de l’histoire. Son acolyte, Giovanni, n’est ni son double, ni son opposé, s’eut été trop facile. Ils sont tous les deux cote à cote, et comme l’affirme l’axiome d’Euclyde, 2 droites parallèles ne se rejoignent jamais. Pourtant, Giovanni disparait et Milo Rojevic se voit contraint et forcé de partir à sa recherche. Il va sans dire qu’une fois que vous aurez lu ce livre, vous interprèterez l’expression « contraint et forcé » différemment.
Ce rapport au corps que nous retrouvons dans ses deux autres romans (Versus et Anaisthêsia), associés à un style au carré, nous plonge dans les méandres de nos organes. La quête réparatrice, mais irréparable, de notre héros évolue tout le temps entre l’erreur et la faute, entre le corps et l’esprit. Cette enquête ne nous laisse pas dans un entredeux toujours facile et à la fin lassant. Il s’agit bien ici d’une fusion, d’une fission, entre corps et esprit, entre la pulsion et la raison.
Qu’est-ce qui pousse Milo Rojevic à passer à l’acte ainsi ? Cette tension entre la pulsion inscrite corporellement, incorporée, est tout au long des pages en lutte infernale avec l’esprit qui devrait - aurait - du être le conseiller de ce prince des c(s) es dames. Est-ce alors une descente aux enfers ou une montée vers un soleil tout aussi brûlant à laquelle nous assistons ? Toujours est-il que ce premier livre est une vraie réussite à lire impérativement.