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Marathon de Paris

Publié le 11 avril 2006 par Pascal Boutreau

Visuel_marathon2006_1  C'est quand même fou ce que le mental peut permettre de faire. Ce Marathon de Paris, il y a une semaine, je n'envisageais pas une seconde de le courir. Depuis un mois j'ai complètement coupé et depuis le début de l'année, je n'avais pas non plus été au top... C'est le moins que l'on puisse dire...
Pour être précis, j'avais couru exactement 169km (14 sorties) depuis le 1er janvier avec une dernière sortie de... 10km (je ne compte pas le footing de 45' de mercredi) qui remontait au 14 mars. Dans ces conditions, comment imaginer aller au bout ? Surtout avec cinq kilos (au moins) de trop...

Et puis mercredi, un coup de folie. Ce Marathon, c'était décidé, j'allais en prendre le départ. Sans grand espoir d'aller au bout mais une trentaine de kilomètres m'auraient amplement satisfait. Même si j'avais l'impression de faire une bêtise, cette idée de courir un marathon sans entraînement et surtout, je dois l'avouer, de passer pour un taré, m'amusait beaucoup. En plus, une charmante demoiselle avait fini par me convaincre que j'étais un Gladiateur et que j'irais donc au bout.

Et elle avait raison puisque j'ai finalement bouclé mon quinzième marathon. Certes avec un de mes plus mauvais chronos, mais ce n'est pas là l'important. Voici un petit résumé de cette longue, très très longue journée.

8 h 45. Le départ est donné. Les conditions climatiques sont idéales. Le pied. Ce départ sur les Champs Elysées est un moment unique et magique. Perso, je ne fais plus le malin... Pour avoir un espoir d'aller au bout, je dois être très prudent. Et encore, pas sûr que cela suffise... Même si mon allure de footing habituelle est de 12km/h, je préfère me contenter d'un bon 10. On verra bien jusqu'où ce rythme me mène. Pas facile de se raisonner... car à 5'45'' en moyenne, je suis quand même assez à l'aise... Mais j'ai suffisament d'expérience pour savoir que le "vrai" marathon commence beaucoup plus loin. Grâce à l'intiative d'un sponsor d'offrir aux concurrents un dossard avec notre prénom, j'ai l'impression de connaître tout le monde. J'ai d'ailleurs couru les cinq premiers kilomètres dans la foulée d'une Amandine, ce qui m'a beaucoup fait rire... (dsl, message perso...)

Jusqu'au semi, je suis assez surpris de mon état. Ma plus grande sortie de l'année n'a pas dépassé 14 kilomètres... Pour l'instant tout roule. Quelque chose me dit même que je pourrais bien aller au-delà du 30e kilomètre. Je sais c'est con, mais l'idée des 4h12' (10 de moyenne) me traverse même l'esprit un instant... J'oublie vite sachant que ça va forcément se compliquer et que je ne vais pas tarder à payer mon "non entraînement".

29e kilomètre. Je commence à en avoir marre et généralement, dans les deux kilomètres qui suivent cette lassitude psychologique, les jambes s'alourdissent subitement. ça n'a pas loupé...
Passée "l'euphorie" du ravaitaillement du trentième kilomètre où deux charmantes jeunes femmes m'ont fait la causette (à moins que ce ne soit l'inverse), le coup de bambou m'a vite rattrapé et m'a obligé à passer en mode survie. J'ai sorti la petite radio que j'avais pour la première fois emmenée et, écouteurs dans les oreilles, je me suis alors "isolé".

Dans ces cas là, l'horizon se limite juste aux deux mètres de bitume qui se présentent devant nos pieds. On a beau être au milieu d'un énorme peloton, on se retrouve seul. Les autres coureurs sortent de notre monde. L'expression "seul au mode" prend alors toute sa signification. La tête ne se relève plus que pour guetter au loin le panneau du prochain kilomètre. Marcher, en finir, deviennent des obsessions. Et pourtant, le cerveau ne cède pas... Pas question. Un Gladiateur ne marche pas... Il oublie qu'il a mal partout. Sur les six derniers kilomètres, j'ai dû me répéter 200 fois que j'étais un Gladiateur...

36, 37, 38, les kilomètres semblent de plus en plus longs... et les foulées de plus en plus courtes. Je sais désormais que je vais finir. Mais le plus tôt sera le mieux... Evidemment même si je me fous du chrono, je vois bien que je peux passer sous les 4h30. Ce n'est pas franchement une barrière mythique mais c'est toujours ça...

Dernier kilomètre... J'en ai plein les bottes et le quadri commence à donner d'inquiétants signes de faiblesse... la crampe guette... Elle attendra encore un peu... Cent mètres et c'est terminé...
4 h 28'31''. Anecdotique.
Aussitôt la ligne d'arrivée franchie, il s'est alors passé un truc qui ne m'était jamais arrivé en quinze ans de courses de ce genre. Pour la première fois, j'ai craqué en me mettant à chialer. Incapable de me contrôler... C'est comme si j'évacuais plein de choses... Pffff ça fait drôle... mais ça fait surtout du bien...

Evidemment, les Kenyans ont encore un peu de marge par rapport à mes 4 h 28, mais franchement, le chrono, je m'en fous royalement. Comme je l'ai écrit dans des news précédentes, le but était de vivre une nouvelle "expérience". Objectif atteint.
J'avais également besoin de me "faire mal" et d'évacuer pas mal de choses. Objectif atteint.

Je ne sais pas encore si ce marathon m'a relancé pour la suite de la saison... Je ne suis toujours pas sûr d'avoir envie de faire les efforts nécessaires pour arriver en forme le 15 août (j'y reviendrai plus tard mais une nouvelle orientation professionnelle risque aussi de compliquer les choses). Mais ce "petit" footing dominical sera sans doute important pour la suite... et pas seulement dans le domaine sportif... Bordel de merde... je suis un Gladiateur !!!

Merci à la créatrice du "concept Gladiateur"... C'est toi la magicienne... J'ai toujours dit que tu étais une fée...
Merci à toutes celles et tous ceux qui m'ont envoyé des messages d'encouragement et quelques petits mots dans les comm de la news précédente.
Merci à tous les bénévoles qui sont la base du sport en France. Sans ces gens qui viennent passer leur dimanche pour nous "servir", rien ne pourrait se faire. Un sourire, un petit mot sont parfois si précieux. Spéciale dédicace à Linda et Isabelle de la fédération de Triathlon, dont les sourires au km 30 furent de précieux alliés...
Merci aux spectateurs avec une spéciale dédicace à Muriel, venue spécialement de Pologne pour encourager ses potes... Muriel, nous serons à Varsovie en septembre pour "ton" marathon.
Merci enfin à ASO qui nous offre une merveilleuse course.


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