Le cercle des chroniqueurs disparus

Publié le 29 juin 2010 par Acrossthedays @AcrossTheDays

Plantu - Le Monde

Ô Capitaine, mon capitaine… que se passe-t-il dans le bateau France Inter ? Cette radio marque pour beaucoup l’enfance et le matin lorsque les parents préparent le chocolat chaud et que le « tut tut tut » de 7h rappelle qu’il faut aller à la douche. Puis, après on grandit, et France Inter nous accompagne sur la route pour aller travailler, ou à la campagne, assis dans un bon fauteuil. Enfin, c’est la nuit avec Macha…

France Inter ce n’est pas seulement Didier Porte et Stephane Guillon, dont nous reparlerons, c’est aussi « 2000 ans d’histoire », « Panique au mangin palace », « Ekklektik », « rencontres avec X… », « Les Ptits Bateaux », « Le masque et la plume » et bien d’autres encore. L’intérêt de la radio par rapport à la télé est qu’on y est moins passif. On se laisse happer par la télé, on rentre dans l’image et on s’y perd, notamment dans le traitement de l’actualité, tandis que la radio laisse une part de liberté au récepteur de l’information… Bref on est chez ATD et on ne va pas non plus partir trop loin sur le chemin de la sociologie de la communication. Par contre on va tourner à droite et juste se poser la fameuse question de l’humour sur France Inter.

Guillon et Porte, virés. Que ce soit politique ou pas, le « casse-toi pov’ con » qu’ils ont reçu passe mal. On va revenir sur deux-trois trucs old schools de France Inter pour bien saisir l’incroyable virage que cette radio est en train de prendre.

Didier Porte s'auto-défendant

  • Pierre Dac et Francis Blanche ont animé un feuilleton radiophonique, Signé Furax. Cela a été une des émissions les plus écoutées de cette époque et un film a été fait dessus. Guy Mollet, alors qu’il venait d’annoncer à la presse la démission de son gouvernement, aurait déclaré : « Messieurs, je dois vous quitter, c’est l’heure de Signé Furax. ». C’est drôle, c’est de l’humour fin et, en même temps c’est du grand n’importe quoi. En gros un espèce de fantomas a volé les bâtiments de France en les rapetissant…Comme vous pouvez voir ci-dessous sur la vidéo, énormément de star y ont participé. :

  • France Inter c’est aussi le tribunal du flagrant délire de Pierre Desproges. Et ce sont des émissions qui sont restés dans les anales, notamment celle où il reçoit Le Pen. C’est drôle, c’est juste, et c’est là qu’il sort son fameux « peut-on rire de tout – oui » mais « avec tout le monde –non » :

  • C’est aussi dans cette émission que Luis Rego fait son sketch sur le fasciste, où il raconte la journée d’un néo-nazi… Peut-on rire de tout, oui. C’est très osé, et c’est un rare moment de radio où on se sent mal de voir Le Pen qui rigole notamment. Imaginer la puissance du rire, et les couilles de Luis Rego, lui-même Portugais, qui se voit gueuler « sale portos »…

France Inter c’est aussi ça. Ils défendaient le fait de pouvoir rire de tout, c’était aussi défendre la liberté d’expression. Guillon et Porte viré ? Bouah pas grave, on ira écouter « Canteloup » sur Europe 1. C’est bien ça le problème. France Inter a une identité, a une tradition, que va-t-elle devenir ? Une radio lisse et toute douce ? Plus largement, sans parler politique, il règne une impression de couvercle sur les médias français auquel on s’est habitué. On a l’impression d’être revenu au temps de l’ORTF, et ça fait un peu peur. Avez-vous peur ? J’espère, car si on peut rire de tout (merci aux Desproges et autre Coluche), bientôt on ne rigolera plus du tout, on ne pourra plus se dire avec un rictus « là, il est méchant, mais ça fait du bien.. ». On vous aura prévenu à ATD. De toute façon, nous on s’en fout : on est sourd et puis on écoute pas la radio.

Hervé




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