Oh les filles oh les filles !

Publié le 27 juin 2006 par Pascal Boutreau

Puisque les six huitièmes de finale de la Coupe du monde jusqu'à présent disputés ont été plus ennuyeux les uns que les autres, parlons un peu de foot au féminin.

L'Olympique Lyonnais a fait très fort sur le "marché" des transferts en faisant signer Hoda Lattaf (en photo, près de 100 sélection chez les Bleues), Sonia Bompastor (capitaine de l'équipe de France), Camille Abily et Laure Lepailleur, soit quatre internationales qui évoluaient depuis plusieurs saisons à Montpellier, demi-finaliste européen cette saison.

Lyon n'en est pas à son premier "gros coup". Il y a deux saisons, le club du Président Aulas avait déjà fait très fort en faisant venir plusieurs "stars" de l'équipe des Etats-Unis, nation référence en matière de football au féminin. Avec la gardienne Hope Solo, la très très très très jolie Lorrie Fair (je vous promets que son sourire est irrésistible), la mimi Alyson Wagner ou encore Christie Welsh, toutes débarquées en janvier, Lyon avait déjà alimenté le débat.

Ces quatre transferts de cet été qui pourraient être suivis d'autres renforts étrangers de tout premier plan, confirment l'ambition de l'OL en matière de football au féminin. Comme d'habitude dans ces petits milieux où l'on passe son temps à pleurer d'un manque de reconnaissance mais où l'on se méfie de la moindre initiative novatrice de peur de perdre certains privilèges, certains regrettent ce qu'ils considèrent comme une OPA de Lyon sur les internationales tricolores.

Pour s'ouvrir une petite lucarne médiatique, un sport se doit en premier lieu d'obtenir des résultats. Aujourd'hui le championnat de France féminin de foot est absolument invendable. Excepté les spécialistes, qui connait le nom du nouveau champion de France ? (pour info, c'est Juvisy, sacré pour la sixième fois) Si l'équipe de France demeure la principale source de médiatisation (les Bleues devront battre l'Angleterre fin septembre à Rennes pour se qualifier pour la Coupe du monde 2007 en Chine), au niveau des clubs, seule une victoire en Coupe d'Europe peut offrir l'opportunité d'attirer les médias nationaux. Ce que j'appelle souvent "l'effet cocorico" fonctionne toujours. La concentration de joueuses de premier plan à Lyon, déjà vainqueur du Challenge de France en 2003 (photo) et 2004 (l'équivalent de la Coupe de France pour les filles), peut enfin permettre à une équipe française de rivaliser à court terme avec les formations allemandes (Francfort et Postdam), suédoises, norvégiennes voire même anglaises (Arsenal) qui trustent toutes les finales depuis la création de la Coupe d'Europe des clubs en 2001-2002. Jusqu'à présent, ni Toulouse, ni Juvisy, ni Montpellier, les trois formations à avoir eu leur chance au niveau continental, n'ont pu faire mieux que demi-finale.

Aujourd'hui, faire venir une joueuse représente un infime investissement par rapport aux sommes d'argent du football masculin. Les "salaires" (en théorie les joueuses ne sont pas professionnelles et doivent travailler.... mais j'ai bien dit en théorie...) de tout l'effectif de l'équipe féminine de Lyon pour toute une saison est sans aucun doute inférieur à un mois de salaire d'un Juninho ou d'un Wiltord. A peu de frais, Jean-Michel Aulas a donc les moyens de s'offrir un inédit doublé hommes-femmes et pourquoi pas d'aller conquérir le titre européen.

Ce serait alors tout le football au féminin français dans son ensemble qui en sortirait vainqueur.

NB : Vous noterez que je ne parle pas de football féminin mais de football au féminin. Les règles sont les mêmes que le foot soit pratiqué par les hommes ou par les femmes. Parler de "football féminin" sous-entend pour moi qu'il s'agit d'une autre discipline. Or, quand on parle de Laure Manaudou on ne dit pas qu'elle pratique de la natation féminine... Alors pourquoi le préciser avec le foot ? Marinnette Pichon joue au foot tout simplement et non au football féminin. 

Photos de Sébastien Duret sur le site www.foot-feminin.org, le site référence en matière de football au féminin.