Citoyens !
En rebond à ce post surtweeté et qui prend les journalistes presque pour des truffes, voici 5 choses que les blogueurs peuvent apprendre des journalistes (soyons péremptoires, ça fait jaser :p ) :
- les journalistes, pour écrire leurs papiers, font des reportages (et oui ! ) ce qui signifie :
- mener à bien des interviews
- observer (ce qui se raconte, ce qui tombe comme dépêche, mais aussi pourquoi pas faire des planques…)
- se documenter (aller à la bibliothèque, appeler le prof d’université qui est spécialisé dans tel ou tel domaine afin de connaître les 3 ou 4 livres de référence)
- transformer l’immense matière absorbée en article clair, concis, formaté (même sur le web…)
- mettre l’article dans une chaine historique du titre média (zoom, infographie, rappel des faits, chronologie, article d’un autre journaliste éclairant un sous-sujet de l’article)Autant de missions que le journaliste doit se cogner au quotidien (au risque sinon de se faire blackbouler par ses pairs, par les blogueurs, par la famille, par les gens dont il parle etc.). L’historicité, la mise en perspective, le sourcing seraient autant d’éléments que le “blogueur” devraient à un certain degré intégrer (range, donne, explique !) y compris dans les blogs cuisine (la recette de l’été 2008, c’était comment déjà ?). Seuls sans doute les blogs purement “personnels” sont exemptés (je t’ai dit que j’étais moi aussi péremptoire, c’est comme ça)
- les journalistes (en ligne) sont déjà des blogueurs (presque) comme tous les autres
- c’est un élément que votre serviteur martèle à outrance en paraphrasant Benoit Raphaël et son tonitruant “Demain tous journalistes”, mais nous sommes déjà tous des “web-bloggers/blogueurs”. Par le simple fait de se “logger” à un CMS, le journaliste se met à web-logger.
Ce qui a pour conséquence de prendre les mêmes habitudes qu’un blogueur non journaliste : vérifier les commentaires, faire des “edits”.
Alors imaginez-vous les contraintes imposées par votre propre personne (le personal branding passe d’abord par se flageller quotidiennement), mais aussi par un SR, un rédacteur en chef, le type de l’acquisition. En clair, les journalistes en ligne sont malgré eux beaucoup plus au fait que nous, simples blogueurs - les journalistes font partie d’une chaine de production conséquente
- conf de rédaction, dispatch des sujets, mise en lien avec la prod’ TV, SR, editing, courrier des lecteurs, rubricage, maquette, lien avec le chef de rubrique, prise de tête à la machine à café avec le directeur de la rédaction, lecture du courrier, réception des 10 000 communiqués de presse, point avec le stagiaire…
- on s’est compris ou je répète qu’il est excessivement agréable de n’avoir que soi-même, et ses lecteurs à gérer ? - les journalistes font du community management depuis le IIème siècle avant Jésus Christ
- depuis Acta Diurna, l’espèce de gazette romaine, dont le slogan était “rend public et propage”, les citoyens n’ont eu de cesse de reprendre point par point les vues ou informations des “journalistes” et de faire savoir leur mécontentement. Si on considère que le community management moderne est né de la veille de crise, on peut légitimement se dire que réinventer la poudre est au mieux un argument de vente pour agence conseil, au pire une vaste blague (péremptoire, toujours !) - les journalistes sont aimés des blogueurs
- beaucoup, énormément même : en France, la majorité des liens sortants des blogs part…vers les médias dits traditionnels (ou plutôt les marques médias bien établies comme lemonde.fr ou lefigaro.fr )
La question n’est donc pas de savoir comment transformer les journalistes en blogueurs -ou l’inverse- mais de se demander comment allier nécessité de construire une marque média forte dans un nouveau cycle d’information
Je reprends en conclusion un argument de Maestro :
“La marque média de demain bénéficiera du contenu de sa production mais aussi de ses activités (conférences – tel Les Echos conférences, formations, événements, partenariats…) pour la mettre au service de business nouveaux et lucratifs sur mobile ou avec d’autres marques par exemple. La valeur de la marque média se monnaiera au delà même de son support central : racheter Le Monde est sans doute acheter une marque, pas une manne publicitaire pérenne. Peut-être même jusqu’à survivre à son journal ou magazine d’origine (voir l’ex masculin Max).”
En prenant un parallèle douteux, on devrait revoir nos classiques en se posant la question de la différence entre un café de marque de distributeur et un café de marque “connue” :
- du design?
- du service ?
- de l’événement ?
- de la qualité ?
- de la diversité ?
- de l’amour ?
- de la fiabilité ?
- ….
Affaire à suivre.