Moisson
Ils sont grands, ils sont forts, ils fauchent le froment,
Et cueillant des épis les suit plus d’une femme.
Sur la pointe des faux, le soleil met sa flamme,
Les fronts polis, cuivrés, s’empourprent lentement.
Hommage, espoir, les blés à leurs pieds ondulant
Se couchent alanguis au rythme de la lame
Tel l’enfant croulant sur sa mère qu’il réclame,
Et la soif supplicie le pauvre chien suant.
Sous la fraîcheur d’un arbre un garçon vient saisir
Sa large gourde. Il boit. Il s’humecte à plaisir.
Puis regagnant le champ se remet à l’ouvrage.
Le soleil furieux a redoublé d’ardeur
Mais les gerbes ont crû parmi les gens en nage
Et la vie a gagné et triomphe en vainqueur.
(Attila Jozsef)
Illustration: Léon-Augustin L\’Hermitte