Intellos... Méfiance!

Publié le 29 juin 2010 par Philippejandrok

Depuis que les intellectuels de tous bords et les journalistes ont pris le pouvoir médiatique, toute forme de création originale et moderne a cessé de s’exposer, en effet, la création n’existerait qu’à travers les opinions de ceux qui parviennent encore à s’exprimer, de ceux à qui on donne la parole comme si leur opinion était une vérité biblique, oh rassurez-vous, il en va de même pour moi, pourquoi ferais-je exception, c’est vrai, qu’est-ce qui prouve que je puisse avoir raison à part mon sentiment personnel que je partage sur ce blog ?

Mais on ne laisse plus le choix au spectateur, lecteur, visiteur, on lui impose une opinion qui n’est pas la sienne, comme pour lui dire :

- - Voilà la réalité, la vérité, il n’y en a pas d’autre et cher visiteur, tu devrais la suivre pour ne pas être à la traîne.

Les trois quarts des programmes TV et radio ne sont que pure promotion d’un film, d’un livre, d’un disque, d’une expo tout est lié  à l'exploitation d'un produit, tout est lié à l’argent et au développement marketing, il faut générer de l'argent en attirant le client, en l'informant, en lui donnant envie de consommer. Tiens, pourquoi ne parlerais-je pas de Serge Lama plus souvent, parce qu’il n’est pas dans l’actualité en ce moment, la dernière fois il sortait un recueil de poésie érotique et il est passé partout, TV, Radio, Presse écrite.

Autre exemple, des petits malins ont envoyé il y a quelques années un roman de Victor Hugo en manuscrit à des maisons d’éditions qui ont signifié à l’auteur une fin de non recevoir, car jugé pas assez bon. C’est édifiant de fourberie et de médiocrité car cela prouve que le succès est essentiellement lié à la relation, aux contacts que l’on entretien avec certains milieux et les journalistes ne font pas exception, pire, ils sont complices. Le succès des rappeurs, des pseudos poètes des cités qui font des rimes de cours de récréation et qui manient la langue française au hachoir à viande, leur succès est dû entres autres au matraquage médiatique car ces « artistes » sont devenus « bankable », ils ne sont pas plébiscités parce qu’ils ont du talent, mais plutôt parce qu’ils touchent une cible qui rapporte et ce, avec la complicité des médias et des journalistes et les majors l'ont compris un peu tard, puisqu'aujourd'hui, ce sont de petites maisons de production indépendantes qui tirent leur épingle du jeu, voire les artistes eux-mêmes.

L’art par exemple, remplit les mêmes conditions, le marché de l‘art est manipulé par de grands collectionneurs et certaines galeries qui décident qui est bon, qui ne l’est pas, et cela n’a rien à voir avec le talent car la plupart du temps, certaines des œuvres de ces grands artistes sont nuls à c… et du goût de ceux qui les achètent. Dans "La vérité si je mens II" Patrick avait acheté une sculpture à lamelles de métal qui valait une fortune, il n'y comprenait rien, mais l'artiste était à la mode.

Juste pour dire combien les gens manquent de goût et de sensibilité ; il y a quelques temps déjà, aux Arts Décoratifs de Strasbourg j’avais déclaré lors d’un séminaire :

- - La beauté est universelle ! Que n’avais-je pas dit-là, levée de bouclier dans la salle :

- - Tu dis n’importe quoi… c’est une connerie… l’art est tout sauf universel… et la beauté encore moins…

- - Très bien, répondis-je, alors expliquez-moi pourquoi une sculpture de Praxitèle est-elle toujours aussi belle 2500 ans plus tard, pourquoi s’extasie-t-on toujours devant l’Aurige de Delphes, pourquoi est-on ému par la cité lacustre de Venise, par Rome, Florence, pourquoi la sculpture, la peinture des anciens est-elle toujours émouvante, pourquoi une représentation de Buddha bouleverse-t-elle son public, pourquoi un masque Africain fait-il peur, pourquoi les peintures rupestres d’Altamira ou de Lascaux sont-elles considérées comme des chefs-d’œuvre et pourquoi je verse des larmes devant le Concert Champêtre de Titien ? Et pourquoi Beethoven me bouleverse avec son concerto pour piano, dit l’Empereur, jadis dédié à Bonaparte, puis débaptisé par l’auteur. La beauté, l’art où qu’il soit d’où qu’il provienne dans le temps séduira toujours le cœur des hommes, c’est pourquoi il est universel, c’est pourquoi le beau est universel.

Bien entendu, ce jour-là, je n’étais pas seulement un vieux réactionnaire, mais un parfait imbécile et ces jeunes artistes étaient des génies qui avaient tout compris de l’universalité de la beauté.

Les intellectuels ont détruit l’art, ils l’ont façonné à leur image, eux, les handicapés de la création, incapables de créer avec leurs deux mains gauches : tout comme cet historien de l’art qui avait fait sa thèse sur Michel-Ange et qui louait les coloris sombres et obscures du Jugement Dernier et de la voute de la Chapelle Sixtine avant restauration, et qui criait à l’imposture une fois le nettoyage terminé mettant en valeur la richesse des coloris pastel que l’on trouvait déjà dans son Tondo Doni au Musée des Offices à Florence. Non seulement c’était un imbécile de soutenir une telle thèse, pire, il s’acharnait dans son erreur. La voilà l’intellectualité de l’art, une intellectualité qui n’a rien à y faire. Et je ne parle pas de cette littérature diarrhéique dans le domaine de la photo et du cinéma, faite exclusivement par des intellectuels qui imposent une analyse incompréhensible d’un sujet, juste pour avoir un mot à dire et se faire mousser :

- - Ah, j’ai écris un livre…

- - Oui et alors si personne n’y comprend rien à ton livre, qu’est-ce que tu y gagnes ? L’art et la beauté occupent un rôle fondamental dans l’universalité, et chacun est libre d’apprécier une œuvre sans que l’on soit derrière pour lui dire :

- - Tu vois, ça c’est beau et ça, ce ne l’est pas.

- - Mais c’est justement cela qui me plait…

- - Non, ce n’est pas beau, le beau c’est moi qui te l’indique…

L’intellectuel détermine la beauté, le goût du spectateur et c’est inacceptable, intolérable, qui a le droit de décider pour les autres ce qui est bon et ce qui ne l’est pas ?

C’est comme d’imposer du « Junkfood » en prétendant qu’il s’agit d’une bonne cuisine ou d’imposer de la haute gastronomie en prétendant que c’est la meilleure, et bien non, ni l’une, ni l’autre, mais les deux sont complémentaires.

Ce matin j’entendais que certains mouvements politiques allemands voulaient faire passer des tests d’intelligence aux étrangers, mais les tests élaborés par les psychologues ne sont pas universels, ils correspondent à des rites, à des coutumes, à des habitudes sociales et ne sont donc pas valables pour les étrangers qui n’ont pas la même structure sociales et culturelles.

Nous vivons dans une société où d’autres décident à la place de la majorité ce qui est intolérable, car la majorité a également une voix, pas toujours la meilleure, j’en conviens, mais tout de même, cette voix doit être entendue et le terrorisme des médias, des journalistes, des hommes politiques reflètent peu, ou prou le fond de la pensée populaire ? Est-ce normal dans une démocratie ?

Allez, nous vivons une époque formidable…