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À l’UMP, les conflits d’intérêt, on ne sait même pas ce que le terme signifie !
Publié le 29 juin 2010 par GezaleJean Paul Gauzès, député européen UMP et Benoit Veyrat, conseiller municipal UMP de Louviers : Rien vu, rien entendu, rien dit…cette photo date de 2009.
« Éric Woerth, notre brillant ministre du Travail, nous l’affirme la main sur le cœur : il n’était au courant de rien. Il était alors ministre du Budget. Souvenez-vous ! Il avait fait de la chasse à l’évasion fiscale, son credo. Il possédait même une liste de 3.000 noms de mauvais Français disposant de comptes en Suisse et dans des paradis fiscaux. Ça, c’était pour faire peur au menu fretin, amuser le bon peuple et lui faire prendre une fois de plus les vessies pour des lanternes. Car, dans le même temps, Mme Florence Woerth, son épouse, travaillait au sein de l’entité chargée de gérer la fortune de Mme Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France. Son activité consistait à proposer des solutions permettant d’optimiser – euphémisme utilisé dans la profession – la situation fiscale de la milliardaire afin qu’elle ne paie qu’un minimum d’impôts. Voire, comme c’est assez souvent le cas, de lui trouver les moyens par de savants montages, de contourner la loi afin de soustraire ses avoirs et ses revenus à l’imposition du fisc français. La structure en question est dirigée par M. Patrice de Maistre. Or, il se découvre que le ministre Woerth a personnellement remis la Légion d’honneur il y a deux ans à M. de Maistre. La presse ne nous dit pas à quel titre, mais il est permis de douter que ce soit en raison des services rendus à la nation. De nombreux journalistes subodorent que cette distinction a pu être accordée en échange de l’emploi que Mme Woerth occupait jusqu’à ces derniers jours pour veiller jalousement sur la fortune de Mme Bettencourt.
Ministre du Budget, Éric Woerth n’en continuait pas moins à être trésorier de l’UMP, ce qui, bien entendu, n’a rien d’incompatible dans la France sarkozyste. Ça doit être cela, la rupture. Et, à ce titre, à encaisser les chèques de généreux donateurs, comme par exemple, au hasard, Mme Liliane Bettencourt. Mais n’y voyez-là aucun rapport de cause à effet. Il faut vraiment avoir l’esprit aussi mal tourné qu’un socialiste pour penser à cela. Remarquablement conseillée, elle n’oubliait personne. Ni Valérie Pécresse, ni Eric Woerth, trésorier de l'UMP, ni Nicolas Sarkozy, le président de la République en personne, auquel elle fit l’aumône de 7.500 euros. On aimerait savoir qui a encaissé le chèque et sur quelle banque.
De ces pratiques : la confusion des genres et les conflits d’intérêts, l’UMP possède une longue et sérieuse expérience. C’est ainsi, par exemple, qu’elle n’avait trouvé rien de mieux, pour fluidifier les relations entre la finance et les institutions européennes, que d’envoyer au parlement de Bruxelles un certain Jean-Paul Gauzès (qui fut président du conseil régional de Haute-Normandie en 1998), lequel exerça conjointement et discrètement de 2004 à 2007 les fonctions de député européen et de directeur juridique et fiscal de la banque Dexia. Dans un article paru le 24 mai 2005 dans le New York Times, intitulé : – nous en donnons ici la traduction telle que reprise mot à mot dans un article paru dans le journal Le Fakir du printemps 2009 –, « Le lobby de la finance démantèle une loi sur le financement des activités terroristes », le correspondant de ce journal à Bruxelles écrivait qu’une « proposition de loi [directive ? ] – qui visait à renforcer la législation sur les crimes financiers, à couper les fonds qui servent au terrorisme –, cette proposition a été coulée au parlement européen avec l’aide de députés liés au monde de la finance, notamment (…) un dirigeant d’une banque soupçonnée de blanchiment d’argent. ». Le correspondant visait nommément l’élu normand, pour avoir repris « mot pour mot » des « amendements » pré-rédigés par des lobbyistes. L’honorable parlementaire a depuis été brillamment réélu au même poste en 2009. Sans doute pour aider le président de la République à moraliser la finance. Ou la politique.
Reynald Harlaut – Parti de Gauche