Pour ceux qui se retrouveraient dans la nouvelle réglementation aussi bien qu’un poisson rouge dans une piscine olympique, un petit rappel s’impose : depuis la loi dite de modernisation de l’économie (été 2008), il est possible de pratiquer deux semaines de soldes supplémentaires par an (fractionnées ou non) à des dates librement choisies. C’est-à-dire qu’en plus des deux périodes de cinq semaines saisonnières, des moments où vendre à perte est autorisé peuvent être instaurés sans contrainte calendaire.
L’idée est limpide : en multipliant les petits ruisseaux d’incitation à l’achat via la mise en place de promotions, une vaste rivière de relance de la consommation prend source. Seulement voilà, au final ce sont les petits commerçants qui rament car ils ne pagaient plus à armes égales. Ils ne peuvent vendre tout le temps à perte ; les volumes qu’ils manipulent ne leur laissent pas les mêmes marges de manoeuvre que les grands distributeurs.
Jusqu’à présent les soldes offraient la possibilité aux magasins de vider les soutes quand, l’horizon de la nouvelle saison approchant, il faut écoper le trop-plein de marchandises pour faire place à une nouvelle marée de produits. Le consommateur mordait bien volontiers à l’hameçon de cette pêche aux bonnes affaires. D’autant plus que cette pratiques étant saisonnière, son caractère événementiel – relayé par les médias - permettait aux clients d’appréhender correctement sa survenance.
Mais pratiquer des soldes flottants n’importe quand dilue leur impact événementiel et submerge l’acheteur potentiel de messages promotionnels. A terme, ce dernier aura l’impression de n’acheter au juste prix que lorsqu’une remise existe. Quand le consommateur n’a plus ni balise, ni repère, le vendeur indépendant boit la tasse.