REVUE DE PRESSE – Les éditorialistes français hallucinent et se moquent ouvertement de la cure d’amaigrissement demandée par Nicolas Sarkozy au gouvernement…
Après les politiques, la presse réagit vivement ce mardi, à la lettre de Nicolas Sarkozy, qui demande au gouvernement des mesures pour réduire «vigoureusement» le train de vie de l’Etat, en imposant à ses ministres une cure d’austérité, sous peine de «sanctions».
La presse hallucine
Certains hallucinent, comme Patrick Fluckiger dans L’Alsace, qui s’étonne qu’il faille formaliser quelque chose qui découle, selon lui, du bon sens: «On se frotte les yeux pour être sûr de bien avoir lu: dire à des gens censés nous gouverner qu’ils doivent payer eux-mêmes leurs cigares! Il n’y a donc pas que les footballeurs de l’équipe de France qui ont besoin de cours d’éducation civique…»
Et de remarquer que cette «cure « d’amaigrissement » ministérielle est à l’image de cette leçon de morale: légère. Les sacrifices consentis par la classe politique resteront très symboliques face à ceux que l’Etat s’apprête à demander aux Français.»
Une «giclée de poudre aux yeux»
Pour Daniel Ruiz (La Montagne), Nicolas Sarkozy ne fait que «de l’hygiène morale à bon compte sous la pression de l’affaire Woerth-Bettencourt»: «Cette giclée de poudre aux yeux n’aura aucun impact sur le sentiment de l’9opinion publique.» Et de marteler: «Quand on rentre par la porte du Fouquet’s on ne fait pas sortir les cadres de la fonction publique par la fenêtre.»
Dans La Charente Libre, Dominique Garraud souligne que «visiblement les préfets ne connaissent pas la crise et sont pour le moins épargnés de ces effets», faisant allusion aux primes au mérite qu’ils peuvent décrocher. «Ces primes aux préfets c’est un peu Ubu en temps de la crise. C’est ceinture pour les fonctionnaires de base et prodigalité pour leur hiérarchie en cours Place Beauvau. (…) À savoir combien coûte à l’État ce sacrifice sur l’autel sacro-saint de la culture du résultat mise en avant par Nicolas Sarkozy.»
Honneur et morale
Yves Harté, dans Sud Ouest, revient pour sa part sur la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Thierry Henry, «le jour même où une manifestation disait son inquiétude devant la précarité annoncée et les retraites repoussées», et met cette rencontre en parallèle avec l’exigence de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de ses ministres «qu’ils paient leurs dépenses privées sur leurs propres deniers. Il était donc nécessaire de le leur rappeler? Étrange pays, étranges moeurs. Et l’on entend une voix de flûtiau s’étrangler d’indignation et parler d’honneur et de morale», raille-t-il.
Dans Le Dauphiné Libéré, Didier Pobel fait de l’ironie: «Qu’a-t-il appris en parcourant le pli élyséen? Eh bien que ça commençait à bien faire. Ces tonnes de pognon public fichu en l’air. Ces profiteurs sans vergogne qui piochent dans l’argent des contribuables. (…) Sous menace de sanctions, les frais privés des ministres devront être payés « sur leurs deniers personnels ». Ah! bon, ça n’était donc pas le cas? Merci de l’aveu.» Et de se moquer du président qui «s’énerve comme ça» non pas «à cause de l’affaire Woerth. Ni à cause des Blanc, Joyandet, Boutin et compagnie», mais «à cause de la crise. Il vient d’en prendre connaissance. Y’a une lettre qui a dû se perdre».