Avec les scandales qui s’accumulent ces dernières semaines au sommet de l’Etat, les membres du gouvernement coupables formant désormais une liste longue comme un jour sans pain (Blanc, Yade, Joyandet, Amara, Estrosi, Woerth bien sûr, résumé de toutes ces affaires dans le dernier paragraphe de notre billet du 22 juin), même les électeurs de droite ne peuvent plus nier que la Sarkozie représente le modèle de la république bananière. Il n’est que de lire les réactions courroucées des lecteurs du Figaro, pourtant par définition on ne peut plus indulgents avec l’UMP-de-leur-coeur, pour s’en persuader définitivement. Dans ce contexte, le retentissant coup de gueule de Noël Mamère, prononcé au micro de Radio J (et repris par Le Point), exprime à merveille le ras-le-bol général : “Au sein du gouvernement, il y a des gens qui n’arrêtent pas d’expliquer qu’il faut se serrer la ceinture, qui sont les chantres de la tolérance zéro et qui s’appliquent à eux mêmes le principe de l’impunité“, tonne le député Vert. Hortefeux et
“Je ne suis absolument pas d’accord avec ceux qui disent aujourd’hui que la débâcle des Bleus est à l’image de ce qui se passe dans les cités. Je trouve que c’est scandaleux, c’est montrer encore une fois que les populations des banlieues ne seraient que des délinquants, des trafiquants de drogue et des voyous. En fait, les voyous, c’est pas dans les cités qu’ils se trouvent, c’est au sommet de l’Etat et dans les élites, les gens qui prennent des libertés avec l’argent public, qui prennent des libertés avec les principes démocratiques.” Une colère qui sonne d’autant plus juste que Mamère pointe un scandale dont on a très peu parlé : “Quand Mme Bachelot, la main sur le coeur, et de manière très solennelle nous dit qu’elle va s’occuper de ce qui ne la regarde pas, c’est-à-dire de changer les responsables de la Fédération de football, et pendant le même temps, engage son propre fils qui est céramiste à la direction du Centre français d’éducation à la santé, mais pour qui nous prend-on ?” Bonne question !
Le piston du fiston
“Le népotisme désigne une pratique qui, pour un responsable (élu, haut fonctionnaire, notable, dirigeant d’entreprise…), consiste à distribuer des honneurs, des avantages ou des
emplois à des membres de sa famille, à des amis ou à des proches, plutôt qu’aux personnes qui y ont droit (logement, par exemple) ou qui sont les plus compétentes (promotion, attribution de
postes). Le népotisme est donc un abus d’influence et d’autorité qui génère des injustices en écartant “ceux qui ne sont pas de la famille“. Il s’apparente au clientélisme,
voire à des pratiques mafieuses“ : (définition extraite du formidable Dictionnaire de la
toupie).
Ah, l’inénarrable© Roselyne Bachelot ! Mais qu’avons-nous donc fait au bon dieu à Nicolas Sarkozy pour qu’il nous inflige – après Jacques Chirac – une ministre aussi incompétente ? Pour vous resituer cette éminente personnalité, c’est elle qui s’était couverte de ridicule en août 2003, alors que les personnes âgées mouraient par milliers sous la canicule et l’inertie du gouvernement Raffarin de l’époque, au sein duquel elle détenait le portefeuille de l’Environnement, en conseillant de… “garer les voitures à l’ombre et manger des glaces“ ! 15 000 morts, rappelons-le : heureusement que Bachelot était là ! Elle est aussi l’auteure de cette puissante analyse, qu’apprécieront à sa juste valeur les féministes, pour justifier l’indéfendable, à savoir son ralliement au calamiteux agité de Neuilly : en politique comme ailleurs, “la femelle est en recherche du mâle dominant“. Et que dire de sa gestion de l’affaire de la grippe A* ?
Pour mémoire, l’Etat avait fait l’acquisition sous son autorité de 94 millions de doses de vaccin et
seuls 5 millions de Français ont sacrifié à la piqûre : une gabegie – qui plombe la Sécu – de 712 millions d’euros – rien qu’en achat de vaccin ! Tout compris, l’addition de cette
aimable plaisanterie grimpe même à 1,6 milliards d’euros. Tout ça pour une grippette : les chiffres définitifs sont désormais connus, livrés hier par France soir : “La France, elle, dénombre 312 victimes de la grippe A pour 4 000 à 5 000
décès provoqués par la grippe “classique“. Nous l’écrivions le 1er avril dernier :
“Mais rassurez-vous, comme elle l’indiquait hier soir dans le magazine Pièces à conviction sur France 3, Roselyne Bachelot prétend toujours avoir pris les bonnes
décisions, toute honte bue“, regrettant qu’elle refuse de donner une démission qui se serait pourtant imposée. Et voilà donc une autre affaire, avec ce piston du fiston.
Eminemment révélatrice : la ministre croyait-elle vraiment que personne n’allait s’en apercevoir ? Comment ose-t-elle courir le risque d’un tel scandale ? Finalement, elle
n’avait pas tort, en l’espèce : malgré l’article de Bakchich révélant l’affaire,
suivi par Le Point et les Guignols de Canal +, force est de
constater que ça n’a pas ému grand monde.
Il y a décidément quelque chose de pourri en Sarkozie.
Ou bien ces gens ne peuvent pas s’empêcher de se servir, quitte à se faire prendre les doigts dans le pot de confiture, ou bien ils se fichent de ce qu’on peut en penser. Plus sûrement les deux. Ils “s’appliquent à eux-mêmes le principe d’impunité“, c’est ça, bien vu Mamère. Et l’opinion semble mithridatisée. Jusqu’à quand ? Il y aura bien le scandale de trop, espère-t-on. Et l’on mise sur le Woerthgate, croisant les doigts.
Par Olivier Bonnet pour “Plume de presse“
merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré