Bonjour aux zotres
C'est un fait peu connu et pourtant avéré, quand Oscar Wilde a écrit "Je résiste à tout sauf à la tentation" il pensait à moi ! (n'en profitez pas pour émettre des commentaires désagréables sur mon grand âge, merci).
Certain(e)s prétendent que je n'ai pas de volonté. C'est totalement faux. Elle est au contraire continuellement et entièrement tendue vers un objectif très précis : l'optimisation de ma satisfaction et mon plaisir sous toutes ses formes.
C'est notamment vrai sur le plan alimentaire. J'adore manger, découvrir de nouveaux goûts, de nouvelles associations, de nouveaux restaurants et, dans un supermarché, de nouveaux produits. Les rayons laitages et biscuits possèdent à mes yeux bien plus d'attraits que les vitrines d'une joaillerie (question de budget aussi sans doute) et recèlent autant de pièges que les temples et sanctuaires visités par Indiana Jones. Je suis la Sidney Fox des Monoprix mais, contrairement à la chasseuse de relique la plus sexy de la télé canadienne qui esquive les chausse-trapes et autres embuscades mortelles avec autant de facilité qu'une femme de ménage casse un vase en cristal, je me fais avoir à tous les coups, je fonce tête baissée dans le panneau et je sucombe aussi sûrement qu'un ourson face à un pot de miel.
Les mots "nouveau", "offre spéciale" ou "édition limitée" apposés sur les emballages de produits alimentaires sont autant d'aimants aussi puissants qu'un tube d'araldite. C'est terrible. La dernière tentation en date s'appelle Tagada Pink et constitue une variante piquante et acidulée de nos bonnes vieilles fraises Tagada rouges.
A une époque, lui et moi avons parié quelques paquets de crocodiles Haribo sur les résultats de matchs de Roland Garros. Il perdait (pfeuh, a-t-on idée de préférer Féderer à Nadal, hein ?) mais cela donne tout de même une idée de la légitimité irréfutable et des compétences étendues du monsieur en matière de sucreries artificielles (on a aussi parlé de la Petite Souris, c'est dire si le déjeuner était régressif !).
Je suppose que vous comprenez mieux désormais les raisons de ma récente visite chez Décathlon : "A fond la malbouffe" n'est pas tout à fait compatible avec "A fond la forme" et c'est pourquoi j'ai décidé de bouger mon corps rouillé et saturé de sucres rapides, dans la souffrance, les courbatures, les crampes, la sueur (mais la bonne humeur) pas moins de 2 heures chaque lundi soir, tentant de lever la jambe en suffoquant, d'attraper ma cheville en ahanant, de gigoter mon bassin en rythme et de réveiller mes muscles fort surpris de ces brusques sollicitations après 43 années pendant lesquelles je leur ai foutu une paix royaled dont ils ont lâchement profité pour fondre.
Je crois que le pire du plus horrible du comble du terrible de ces séances de torture consenties (je retire tout ce que j'ai écrit au début de ce message : en fait je suis maso), c'est que mon coach a vraiment des goûts musicaux à peu près de la qualité des tenues vestimentaires de la plupart des participant(e)s au concours de l'Eurovision. Je dois même me farcir au moins 10 minutes de zouk pendant les étirements ! Affreux, affreux, affreux... et même pas droit à une fraise Tagada pour faire passer la pilule en douceur.