Texte de Joël VERNET.

Par Ananda

On croit vivre pour toujours dans les plis d'un visage, dans son accueil, la tessiture d'une voix, mais un jour, ce visage se ferme, cette voix s'éloigne peu à peu  jusqu'à n'être plus que silence, ce corps devient un étranger, tous les souvenirs s'estompent, les chambres habitées, les chemins arpentés, cette charpente des jours, des années, s'effondre et n'abandonne que très peu de poussière dans les mémoires. On ne sait plus ce qui a été vécu. Était-ce un rêve, un cauchemar, un fragment de réalité ? On voudrait toucher avec nos doigts, mais un monde, derrière nous, s'est refermé. Les doigts restent vides, la solitude est alors un diamant. Elle est l'âme - je l'avoue comme une honte -, de chacun de mes jours. J'ai échoué et mon échec, ils le nomment ainsi, est bien celui qu'ils entendent. Des larmes qui courent sur la rocaille, à travers les lits asséchés des rivières.

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JOEL VERNET