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L’affaire Ecric Woerth est particulièrement édifiante à plusieurs titres. Tout d’abord, comment ne pas se poser la question première de l’étonnante coïncidence entre la sortie de cette affaire et la présentation prochaine au parlement de la réforme du régime des retraites ? Dans une démarche purement démagogique, l’opposition s’est avancée imprudemment en annonçant son intention de revenir sur la disposition-phare de cette réforme, à savoir le recul de l’âge légal. Il est d’une évidence aveuglante que, si l’opposition parvient au pouvoir en 2012, elle ne pourra pas revenir sur cette disposition comme elle n’a pu revenir, en son temps, sur les réformes d’Edouar Balladur. Alors, pourquoi ne pas faire en sorte que la réforme portée par Éric Woerth échoue en obtenant la démission du ministre avant le terme ? Voilà qui éviterait de se désavouer … Le déchaînement médiatique n’est pas sans rappeler celui qui s’est abattu en son temps sur Julien Dray qui fut, par la suite, lavé de tous les odieux soupçons qui l’obligèrent à quitter ses fonctions. Par contre, il est tout aussi évident que le ministre aurait dû se poser la question de la compatibilité de sa responsabilité de ministre du budget et de celle de sa femme, consistant à conseiller la plus grosse fortune de France pour minimiser ses impôts. Le soupçon de délit d’initié vient immédiatement à l’esprit de tous ceux qui sont à la recherche compulsive du scandale, en se parant d’une indignation dolosive. Bien entendu, profitant de cette agitation médiatique, la bête immonde n’a pas tardé à pointer le bout de son nez nauséabond : l’antisémitisme pointe du doigt un ministre dont les racines juives sont mises en exergue en utilisant le Web, riche de sites qui se vautrent dans l’ignoble. Enfin, le monde politique de tous bords n’a pas encore compris que nous changeons d’époque. Le peuple sait, confusément ou non, que le temps des efforts est venu et qu’il ne s’agit pas d’un simple épisode mais d’un changement profond dans la manière de vivre. Dans ce contexte, où il devra accepter des efforts importants, il lui est devenu insupportable de voir que certaines catégories de la population se croient à l’abri de sacrifices. Or, tous les pouvoirs sont naturellement perméables les uns aux autres. Le pouvoir infuse la connivence. Le pouvoir politique est en relation permanente avec les pouvoirs économique, médiatique, juridique et autres. Il est alors devenu indispensable que les relations entre le pouvoir politique et tous les autres soient strictement codifiées et respectées. Cela est devenu une exigence populaire. Ne pas la respecter risque d’entraîner toutes les dérives. Cette exigence s’applique à tous les politiques, qu’ils soient au gouvernement, simples parlementaires ou responsables locaux.