"J'entends d'ici les plaintes des gauchistes déguisés en éducateurs spécialisés ( on a compris depuis longtemps que derrière les pantalons de velours côtelé et le T-shirt "I Love Paris" se cachaient les terribles atours du révolutionnaire et les bonnets phrygiens): Quoi. Soixante deux ans! Ma retraite! Avant d'aller défiler dans les rues avec les ouvriers et les pauvres, il est de mon devoir de rentier du Cac40 de vous démontrer ici les avantages de cette nouvelle législation.
Premier avantage: les éducateurs à la retraite aiment travailler bénévolement pour des associations et ont parfois du mal à comprendre qu'il faut laisser la place aux jeunes. Là, ils seront payés pour être bénévoles et pourront continuer à parler du bon temps!
Deuxième avantage: la vieillesse est souvent synonyme de décalage avec la mode, les tendances. Là, il vous faudra rester dans le coup et rien n'est plus sympathique que ce vieux monsieur en perruque, vêtu d'un baggy et de pompes dorées à brillants qui interpelle de jeunes garçons en bas d'un immeuble.
Troisième avantage: La personne âgée est souvent diminuée physiquement. Là, grâce à une séance quotidienne de football puis de bagarres de rues et de gestion physiques des conflits, le vieil éducateur et la vieille éducatrice entretiendront une forme de gymnaste que toute la maison de retraite leur enviera par la suite.
Quatrième avantage: le travailleur social est souvent jaloux des adolescents qui payent moitié prix dans les cinémas. Là, grâce à sa carte Vermeil, les vieux éducateurs paieront le même prix que leurs jeunes usagers.
Enfin, cinquième avantage. Avec l'âge et les prémices de la maladie d'Alzheimer, l'éducateur en fin de carrière aura la chance d'oublier le soir même le malheur dont il a été témoin dans la journée et retournera travailler le lendemain, le coeur léger et l'esprit libéré.
Voilà pourquoi, mes amis, il faut soutenir le projet de retraite à 62 ans et commencer à se former sérieusement face à cette génération de jeunes gens qui ne pourront plus rentrer sur le marché du travail et qui vont gonfler les rangs de nos usagers...
-Etienne Liebig-"leçon de morale" ce texte a été publié dans le numéro 978 de l'hebdomadaire Lien Social-