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Poeme de TheDissident : Episode 2 : Le plan.

Par Illusionperdu @IllusionPerdu

Il y a de ça 52 ans, en 1958, la ville avait été répertoriée comme zone à risques. Des études météorologique avaient montré qu'il était possible que des vents venant en même temps du nord, du sud-est et de l'ouest pourraient amener des nuages de différentes altitudes ce qui formerait au-dessus de la ville, un cumulonimbus d'une dimension jusqu'alors jamais égalée. La réunion de ces nuages entrainerait une augmentation de la pression ambiante et provoquerait une tempête qui en une semaine pourrait déverser autant d'eau qu'il en tombe sur la forêt amazonienne en une année. De plus, la situation géographique imposait que si le pire venait à arriver, la région se trouverait être inondée dans un rayon de 15 à 30 kilomètres.

Pour prévenir cette catastrophe, les habitants eux-même avaient mis en place un plan d'évacuation qui se voulait être le plus efficace de tout le pays et peut-être même du monde entier : le plan « Envol ». Il consistait en quatre étapes. Après que les trois capteurs prévus pour détecter les vents en question aient été activés, le commis en charge de la surveillance devait donner l'alerte dans toute la ville grâce à un système de hauts parleurs diffusant un message pré-enregistré disant simplement de suivre les consignes du plan « Envol », que chaque habitant connaissait parfaitement. Entendant ce diffusé, chacun devait se diriger à pied vers le point de ralliement défini suivant leur lieu d'habitation en n'emportant que deux changes et le minimum sanitaire. Là-bas, des navettes les transportaient vers l'un des centres correspondants se trouvant en altitude sur le massif montagneux le plus proche. Ceux qui rateraient le départ des navettes devraient s'y rendre par leur propre moyens. Les centres ne devaient servir de refuge que pour le temps de la tempête, ensuite, en accord avec les grandes villes proches, les habitants y seraient répartis puis réintégrés.

Comme au fur des années, toujours rien ne se passait, et que beaucoup commençaient à répertorier cet orage dans la catégorie « légendes urbaines », une association avait vu le jour pour que ce plan ne tombe pas en désuétude avec le temps. Cette association s'était proposé de tout entretenir : bus, centres, paperasseries.

Il avait toujours pris ces prédictions à la légère. Après ces dizaines d'années écoulées, il était légitime de penser que ces études étaient réfutables et que rien ne se passerait. Cependant ce ciel ténébreux qui l'oppressait, déchiré quelques fois par une lumière bleutée filante à une vitesse folle à son travers et s'écrasant de sa force homérique sur le sol, suivi de près par un grognement sourd et inquiétant qui n'a jamais eu de cesse d'effrayer les êtres les plus fragiles depuis la nuit des temps; ce ciel pesant lui infligeait, comme un châtiment, la lourde vérité. Pendant un instant il revit toutes ces fois où il avait ri au nez de ceux qui venaient rappeler dans les écoles les consignes à suivre dans un cas tel que celui-ci; toutes ces fois où, au lieu de les écouter, il préférait dessiner ou bien discuter du dernier match des Lakers avec son voisin de classe; toutes ces fois-là, où il aurait mieux fait de mémoriser l'emplacement des centres de survie..

Le stress et les remords se transformèrent alors en inquiétude, l'inquiétude s'intensifia en peur, la peur devint terreur, et la terreur le poussa à courir, courir le plus vite possible vers la montagne. Mais pourquoi courir ? La raison l'avait quitté, il n'était plus maître de son corps ni de ses pensées.. Tout s'embrouillait. Tout devenait flou. Sa mémoire s'emballait et lui imposait des images aléatoires : sa petite enfance qui fut joyeuse auprès de ses parents aimants; son meilleur ami, Dylan, qui lui offrait pour son anniversaire une carabine à plombs; ses années « divagations » comme il les appelle, où il passait de famille d'accueil en famille d'accueil; son admission dans la prestigieuse école de commerce; sa rencontre avec Émilie lors d'une soirée d'aout plutôt arrosée; la mort de ses parents alors qu'il n'était âgé que de dix ans.. Il avait l'impression que sa tête allait exploser. Tout se mit a tourner autours de lui.. Il ne voyait plus où il allait.. Ses jambes le lâchèrent, il trébucha et s'évanouit alors que les premières gouttes de pluie commençaient a tomber de manière hasardeuse sur la ville fantôme.

Poeme de TheDissident : Episode 2 : Le plan.


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