Mes petits clous,
Aujourd’hui, j’ai voulu me pencher sur un phénomène étonnant, j’ai nommé le pourrissage de vie, que tout un chacun pratique à loisir et (souvent) sans même s’en rendre compte.
Tout repose sur une règle simple : ce qu’on ne maîtrise pas est source de peurs et d’angoisse. C’est aussi, il est vrai, la seule source possible d’évolution, mais l’homme est ainsi fait que la peur l’emporte souvent sur la curiosité, ce réflexe atavique lui ayant sans doute sauvé la vie de nombreuse fois à l’époque où les grands fauves à dents de sabres, les ours des cavernes et autres bestioles sympathiques rôdaient dans les environs, mais qui à long terme est une cause d’encroûtement et donc d’extinction assurée. Malheureusement, nous sommes programmés pour penser et agir à court terme, ce qui explique en vrac la difficulté des réformes en politique, l’inefficacité des régimes hypocaloriques, le réchauffement planétaire et le découvert des comptes en banque en fin de mois.
Ainsi, l’homme cherche à maîtriser le plus possible son environnement, afin de réduire les sources immédiates de stress. Au cours de la vie, cette recherche de maîtrise s’applique à des sujets différents, ceux qui ne veulent pas se plier à ces exigences représentants l’Ennemi. Avec un grand E.
Tout petit, l’environnement est l’ennemi à combattre. Les objets sont hostiles. Le coin de la table a manifestement des intentions belliqueuses lorsqu’il s’attaque lâchement à l’arcade sourcilière gauche. Pour la peine, il se prend une tape. Non mais.
De même, le lèche-plat qui racle quasiment toute la pâte à gâteau dans le récipient, ne laissant que des traces de chocolat au fond, ou les jouets qui refusent de s’accorder au bon vouloir…
Plus grand, l’ennemi, celui qu’on ne maîtrise pas, c’est l’autre. C’est de la faute des autres quand ça ne va pas, c’est le « copain » qui tape dans la cour, c’est l’autre qui refuse d’être comme on veut, comme on aimerait, l’autre auquel on se heurte… Inutile de dire que cette phase dure en général toute la vie. Parce qu’on apprend à accepter certaines choses, on grandit bien sûr, mais le petit enfant en soi n’est pas loin, toujours tout près, prêt à dire c’est l’autre, c’est pas moi, c’est sa faute. L’enfer, selon Sartre.
Enfin, adulte, l’ennemi suprême, c’est soi-même. On se bat contre soi, pour éviter de se connaître, se découvrir, et accepter de ne pas pouvoir maîtriser ce qu’on est, accepter de ne pas forcément aimer certaines parties de soi (et je ne parle évidemment pas de physique, pas que en tout cas) être soi en toute conscience, en connaissant et respectant ses limites, en se laissant de la place…
Et pourtant… dit comme ça, ça parait évident d'éviter ces écueils et d'accepter de ne pas tout contrôler. Un peu comme les règles de conduite automobile ou d’hygiène alimentaire, le dire parait superflu, tant c'est du bon sens! Sauf que notre cerveau prend un malin plaisir à nous contrecarrer dans nos envies de bien faire, souvent inconsciemment, parce qu’il a pris certaines mauvaises habitudes, parce que lui aussi réagit à court terme, et que pour se protéger dans l’immédiat, il peut foutre en l’air toutes ces bonnes résolutions, et parfois même en toute conscience. On en arrive à se dire je SAIS que je ne fais pas ce qu’il faudrait que je fasse, mais je le fais quand même, parce que je ne sais pas réagir autrement, pas à ce moment là.
Et voilà, comment sans s'en rendre compte, ou pire, en le sachant, on réussit à se pourrir la vie au quotidien, alors qu'il semblerait si simple, sur le papier, de faire autrement...
Et vous mes p'tits clous, vous en êtes où?
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