La Bretagne, avec seulement 7% des terres agricoles françaises, concentre 50% de l’élevage de porcs et de volailles. L’épandage des déjections animales entraîne de fortes concentrations en nitrates dans l’eau qui aboutissent à la prolifération d‘algues vertes en mer. Alors que la France était sous la menace d’une amende de plus de 28 millions d’euros par la Cour de justice européenne en raison de dépassements du taux de nitrates dans 37 captages d’eau potable, la Commission européenne a décidé de classer le dossier.
- La France condamnée en 2001
La France avait été condamnée par la Cour de justice européenne, en 2001, pour violation des règles européennes dans ce domaine. Elle avait été notamment sous la menace d’une amende de plus de 28millions d’euros, assortie d’astreintes journalières de 118.000 €, pour la pollution par les nitrates en Bretagne. Cette amende a toutefois été suspendue en 2007 après que la France eut adopté un plan d’action pour garantir le respect des limites de concentration en nitrates. La commission a indiqué qu’elle continuerait malgré tout de veiller au respect de la réglementation.
Désormais, la norme européenne de qualité de l’eau est fixée à 50mg/l de nitrates. Fin 2009, grâce aux efforts français, seules trois sources d’eau potable présentaient encore des concentrations de nitrates légèrement supérieures à 50mg/l, a relevé la commission. Et, d’après les donnés des concentrations de nitrates de la période janvier-avril2010, ces trois points de captage sont désormais pleinement conformes.
- Le problème n’est pas résolu
Selon l’association Eaux et Rivières de Bretagne : le seuil des 50mg/l «reste très supérieur à celui exigé par la lutte contre les algues vertes, soit 5 à 10mg/l.
Les fortes concentrations en nitrates ont provoqué le phénomène des algues vertes, dont les émanations d’hydrogène sulfuré sont particulièrement dangereuses. L’année dernière, la mort de ce cheval intoxiqué par les émanations d’hydrogène sulfuré, ce gaz dégagé par le pourrissement des algues vertes, est un électrochoc.
Ce sont les élevages industriels de porc qui sont en cause ce qui impose de changer de modèle de production au profit du système herbagé. Selon des chercheurs de l’INRA, c’est une des clés pour résoudre le problème des fuites de nitrate tout en permettant une agriculture économiquement viable et écologiquement efficace. Le pâturage permet de faire tourner de façon équilibrée l’azote produit entre le sol et les animaux. L’herbe impose de réduire le nombre d’animaux nourris à l’hectare. Le principe est d’adapter la charge animale au potentiel des prairies. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
- Le débat est même lancé
Des amendements déposés par Marc Le Fur, élu UMP des Côtes d’Armor souhaite simplifier les installations d’élevages porcins et avicoles industriels. Ils visent à dispenser d’enquête publique les élevages de moins de 2 000 porcs, soit près de cinq fois le seuil actuel de 450 bêtes, pour corriger les distorsions de concurrence avec les autres pays d’Europe. Un autre amendement propose d’instituer un système d’accord tacite pour les extensions d’installations classées IPCE comme les élevages, afin de diminuer les délais administratifs.
Jean-Yves Le Drian (PS), président de la région Bretagne, qui assure plus de la moitié de la production française de porc, le juge « démagogique et dangereux », et déplore « une confusion regrettable entre l’indispensable allègement administratif et une augmentation des capacités très contestable ».
Le projet de loi sur la modernisation agricole doit être examiné à partir demain à l’Assemblée nationale.
- Un plan algues vertes de 134 millions d’euros.
Un plan de lutte contre les algues vertes avait été présenté à la préfecture de région, à Rennes, en février ’Etat déboursera 134 millions d’euros sur 5 ans pour aider les communes à ramasser et à traiter les algues mais aussi pour prévenir le phénomène en demandant à l’agriculture de faire des efforts. Même si la situation n’est pas la même sur les huit baies, le plan demande de réduire les flux de nitrates de 30% à 40% d’ici 2015 et d’étendre les zones naturelles dites humides. Elles ont un rôle de dénitrification des sols. Pour la baie pilote de Saint Brieuc, l’objectif est de 20%.
- L’avis Sequovia
Les algues vertes, sont présentes depuis quarante ans en Bretagne. Aujourd’hui, le ramassage coûte cher. Jusqu’à trente euros la tonne pour que les algues soient traitées dans les conditions les plus optimales. L’an dernier, 90.000 tonnes d’algues ont été ramassées sur les plages bretonnes…
La Bretagne fait les frais de sa révolution agricole dans années 60. Le lancement d’une politique d’élevage industriel massive avec ses corollaires a entrainé de nombreuses problématiques : changement des paysages, des productions, pesticides….. On est passé à l’élevage hors-sol avec ses conséquences : multiplication des engrais, importations de soja… Il est impératif de sortir le secteur agricole d’un modèle qui le conduit à une impasse écologique qui aura des conséquences économiques désastreuses et dramatiques socialement. Alors que l’alerte est donnée depuis maintenant trente ans, la gravité du problème est nié et l’on ne s’attaque pas à la cause première: l‘agriculture industrielle !
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Claire Nobilet Développement durable