En allant aux soins intensif (ou réa pour les non-Suisse), je pensais avoir de l'action, du sang qui gicle partout, des gens qui hurlent, des chirurgiens qui ouvrent les patients en chambre, etc...
Mais au final, c'est assez décevant de ce point de vue là.
Je ne vois plus au milieu de la nuit de petite mémé complètement nue courir dans tout le service en aspergeant tous les murs du sang qui coule de la perf qu'elle à arraché avec les dents...
Je n'entend plus non plus les cris du patient que l'on arrive pas à calmer. Je ne vois plus le personnel de la sécurité arriver en courant pour plaquer au sol un malade agressif.
Je n'ai plus de collègues qui se trompent et donnent dix fois la dose d'un médicament.
Je ne fais plus de réanimation en chambre alors qu'il te manque la moitié des médicaments dans le chariot de réa et que tu ne trouve plus où est ce putain de ballon pour ventiler le patient.
Je ne vois plus d'intérimaire arriver dans le service, en te disant "ça fait des années que je n'ai plus travailler en milieu hospitalier et en plus je ne connais rien aux surveillances spécifique de ton service, tu crois que ça va aller?"
Je ne vois plus de médecin, aller taper sur google les symptômes que je viens de lui décrire...
Je n'ai plus de patients qui menacent de se jeter par la fenêtre (en même temps les soins intensif sont au rez-de-chaussé)
Je ne suis plus non plus remplaçant du cadre infirmier le soir et le week-end, à devoir gérer l'absence de plusieurs collègues. A devoir faire des dizaines de téléphone pour avoir suffisamment d'infirmières.
Je n'ai simplement plus 15 patients à ma charge...
Aux soins, mon patient est pratiquement toujours profondément sédaté, il n'hurle donc pas de douleur, ne fait pas de delirium tremens ingérable. Il ne bouge pas de son lit, et en plus je l'ai tout le temps à l'oeil. Si il fait un problème comme une hypoglycémie, je la voit venir longtemps à l'avance avec les gazométries que je fais pratiquement aux heures. Si mon patient décompense, j'ai tout le matériel qu'il me faut dans les environs et j'ai une équipe parfaitement rodée pour m'aider.
Le stress aux soins, n'est pas moins important mais simplement différent, plus sournois. Moi parfois, j'ai l'impression que mes patients sont comme des équilibristes sur une corde raide, tout le temps sur le point de tomber. Je dois les surveiller en permanence pour ne pas qu'ils tombent et les aider d'un côté ou de l'autre pour les maintenir en équilibre. C'est assez stressant quand même...