Pour une fois, la Guerre d’Un An est décrite à travers les yeux de pilotes de base : pas de newtypes dans cette histoire, ni de système psychommu et encore moins de jeunes ados se découvrant des prédispositions naturelles et stupéfiantes pour le pilotage d’engins de guerre dernier cri. Juste la vie quotidienne de soldats normaux dans une guerre particulièrement sanglante qui s’éternise depuis trop longtemps : le changement est bienvenu.
Ce qui saute aux yeux en voyant cet anime est la qualité de réalisation, tant au niveau des combats que des scènes de la vie quotidienne. C’est un plaisir de (re)voir cette période de First Gundam revisitée avec des moyens techniques plus modernes. Les spécialistes y trouveront cependant un anachronisme, un mecha de type GM utilisé à l’époque où Gihren Zabi prononce l’éloge funèbre de son frère Garma alors que la production de ce type d’unités n’est pas commencée à cette époque du conflit. Mais à part ce détail mineur, l’histoire reste très fidèle à l’univers de Gundam et le complète avec élégance…
Les thèmes communs à la série – et qui ont fait une bonne partie de son succès – sont présents et bien exploités, surtout la relation qui unit Shiro Amada à la belle Aina Sahalin ; de même, la plupart des personnages restent bien cernés et intéressants même si certains peuvent sembler caricaturaux au premier abord, ou bien n’attendront que les derniers épisodes pour montrer leur véritable potentiel : à ce sujet, le pilote Norris Packard nous propose un des meilleurs combats de mechas à ce jour, toutes franchises confondues. On aurait cependant apprécié de voir certains personnages développés davantage tant leur charisme et leur force de caractère les rendent intéressants, mais leur potentiel ne pouvait hélas que rester sous-exploité pour des raisons évidentes de manque de place.
Malgré quelques inégalités de rythme d’un épisode à l’autre, « la vie en temps de guerre » est dépeinte de façon réaliste et intéressante, qui ne va pas sans rappeler certains productions US sur le thème du Vietnam, et pas seulement pour une question de lieux… On appréciera certainement le tout dernier épisode qui prolonge l’histoire avec habileté tout en abordant le concept newtype d’une manière intelligente et originale, hors du contexte de la guerre et du combat tout en donnant un souffle nouveau à ce thème toujours un peu mystérieux : il n’est pas exclu que l’Akira d’Otomo ait exercé ici une certaine influence…
Réussie tant sur le plan technique que scénaristique, The 08th MS Team devrait combler les fans d’histoires de guerre comme ceux de mechas en général et de Gundam en particulier. Enfin, il faut ici souligner l’originalité de la version « film » de cette OVA, Mobile Suit Gundam 08th MS Team – Miller’s Report, qui ne se contente pas de condenser l’intrigue en une paire d’heures mais au contraire l’approfondit de manière pertinente tout en la présentant du point de vue d’un personnage entièrement nouveau.
Notes :
Due à la disparition tragique du réalisateur Takeyuki Kanda durant la production, la réalisation de cette OVA devint assez erratique et ne fut terminée que trois ans après la publication du premier épisode.
A ce jour, The 08th MS Team présente le pilote de Gundam le plus âgé, Shiro Amada (24 ans) ; l’Amuro Ray de Char Contre-Attaque, âgé de 29 ans dans ce film, n’entre pas en considération car il s’agit là d’un personnage récurrent présent dans la franchise depuis la toute première série.
Le nom du mobile armor Appsalus (parfois appelé Appsala suivant les traductions) semble inspiré du roman Appsala d’Harry Harrison (entre autres auteur de Soleil Vert, publié en 1966 sous le titre Make Room! Make Room! et adapté en un film devenu célèbre par Richard Fleisher en 1973) : Appsala est le second volume de la trilogie du Monde de la Mort.
Mobile Suit Gundam: The 08th MS Team, Takeyuki Kanda & Umanosuke Iida, 1996
Bandai Entertainment, 2001
12 épisodes, pas d’édition française à ce jour
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka