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"Onze petites trahisons" d’Agnès Gruda

Par Ngiroux

Onze petites trahisons d’Agnès Gruda

Comme première fiction, Agnès Gruda, journaliste, éditorialiste, reporter au journal LaPresse fait ce premier saut dans l’imaginaire avec onze nouvelles décrivant un monde hétéroclite, des univers très différents, des narrateurs trahis ayant au cœur une certaine amertume, très près de nous, très québécois. On navigue de surprise en surprise avec une écriture claire, un mot juste, précis, sans fioriture, directe, on sent caché derrière, la prose du journaliste pour un amateur de nouvelles, un véritable régal.

 J’en présente quelques-unes, la toute première intitulée L’attente une femme esseulée, négligée pendant toute sa vie par sa mère maintenant hospitalisée, en phase terminale. Une sœur qui voit son frère accaparer tout l’espace. « Tu es toujours là mon cadet de deux ans, et toi, tu sais attirer son attention. Je sais que tu ne le fais pas contre moi, non, mais ton agitation et ta fébrilité drainent vers toi le regard de maman et m’expulsent vers une zone grise et périphérique. Par moments je, j’ai détesté, j’ai souhaité que tu disparaisses. Que tu ne sois jamais né, mais je savais ce désir en vain. Je suis la sœur de Philippe.»

Le jeu des statues décrit un souper entre amis et Olivier, chez qui la voix cascade avec un grondement hormonal, raconte l’histoire de sa cousine Valérie qui apprend par son médecin que son avenir sera très, très écourté, et « comme si la perspective de la mort avait jeté un éclairage cru sur toute sa vie qui jusque-là n’avait été qu’accommodements et compromissions. Désormais, elle vivrait dans la lumière et la vérité.» Elle quitte alors son mari pour découvrir un véritable amour jusqu’ici inconnu. Ce récit changera le destin de plusieurs convives et particulièrement celui de la narratrice.

 La promesse, une femme, un chien qu’on croyait inséparables, irremplaçables pour toujours. « En chemin vers la clinique vétérinaire, tu t’es relevée tout à coup et tu as regardé le monde défiler devant tes yeux, pour la dernière fois. Cette image de toi, immobile résignée, a fait sauter une digue, et je ne comprends toujours pas comment j’ai pu retrouver mon chemin avec toute cette eau qui me bouchait la vue.»

Onze courts récits qui littéralement se dévorent.


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