Capucine et Martin ont quinze ans et sont camarades de classe, souvent assis l'un derrière l'autre, mais ils ne se parlent jamais, tout juste font-ils attention l'un envers l'autre. Capucine, la belle intello, nourrit en fait des fantasmes débridés sur son prof d'histoire, lequel a une liaison avec la mère de Martin. Ce dernier s'ennuie beaucoup en cours, il ne travaille pas beaucoup et il ne pense qu'à sa musique. Récemment, il a eu une révélation grâce au chant : porté pour une soudaine inspiration, il lâche des textes improvisés qui font vriller le coeur de ses auditeurs. Son groupe va d'ailleurs se produire pour la première fois sur scène, mais le stress lui noue l'estomac, il ne pense qu'à ça et il se sent au trente-sixième dessous.
Quel titre ! J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait, aussitôt on s'imagine... on pense... on conclut que... On a tout faux ! Ce titre se veut coquin et espiègle mais il est aussi joliment trompeur. Car il n'est pas seulement question de sexualité, mais d'amour au sens large (amour de la musique ou amour de soi, pour commencer). Chapitre après chapitre, on se glisse dans la tête de deux adolescents, on vit leurs espérances, on ressent leurs forces, leurs faiblesses, on partage leurs soucis. C'est immédiat, vif, revigorant. C'est comme revivre ses quinze ans, se rappeler cette période trouble où on ne sait pas, on aimerait bien, on cherche, on doute, on se plante et on recommence. C'est bon tout ça ! Et puis, ce n'est jamais trop tôt ni trop tard, c'est du plaisir sur toute la ligne, la gouaille de Maud Lethielleux combinée à une compréhension nette, précise et complice de cet âge ingrat, franchement je trouve que c'est un livre tout public, qu'il parle à tout le monde, qui fait rire et pleurer, et qui fait du bien, avec sa façon d'épiloguer sur un air de ne-pas-y-toucher. Je m'attendais à un bouquin plutôt girly, je me suis gourrée et c'est tant mieux !
J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait ~ Maud Lethielleux
Editions Thierry Magnier (2010) - 200 pages - 9€
illustration de couverture de Anne Bordenave