Croyant lire un roman d'été, avec cette jolie couverture écarlate illustrant un longboard, la plage, le surf, bref je m'y voyais déjà et finalement je me retrouve en hiver ! Complètement à l'ouest, donc, j'avance dans cette histoire où Faustin, le narrateur, parle de sa vie auprès de ses potes et ses parents, tous fous de surf, alors que lui, non franchement, ce n'est pas son trip. En fait, sa passion s'appelle Lise, sa meilleure amie de toujours, celle pour qui son coeur bat très fort, celle avec qui il sait qu'un jour il quittera tout. Comme son frère, exilé à Paris, il changera de vie, il aura le goût de n'en faire qu'à sa tête, de ne plus chercher à convenir aux rêves de son père, interdit de surf depuis son accident. A lire comme ça, son existence n'est pas rigolote ni idyllique. C'est loin d'être l'extase, pas conforme à l'image d'Epinal. Sea, sex and sun.
Cet hiver-là, Charlie fait son entrée dans la bande et aussitôt Lise ne voit plus que lui. Faustin assiste à son naufrage romantique avec toute la violence de ses quinze ans. Il boit beaucoup de bière, il fume, il refuse d'aller en cours, il dort et il se remet sur sa planche pour participer à une compétition, avant de tout plaquer. Le temps que durera l'amourette entre Charlie et Lise, Faustin va s'enfoncer dans la haine, la rancune et faire n'importe quoi. C'est aussi sa vie qu'il remet en cause, ses désirs qu'il affronte. Cela va partir un peu dans tous les sens, mais ça finira par toucher son but. La frustration, autour de l'amitié et de l'amour, déploie toutes ses ailes et rend ce texte poignant, charmant car poétique, teinté de mélancolie et de désarroi, mais c'est tellement propre à ce que vit, ressent Faustin qu'on ne peut que s'identifier, faire corps avec son coup de blues. Au passage, on saisit des éclats de phrases, des bouts de vie, des éclairs de lucidité, des mots justes, des mots forts. On ne sait plus pourquoi on aime ce livre, mais on sait qu'il cache toute la douceur, toute la rancune et toute la véhémence de l'adolescence. Donc, non ce n'est pas une lecture légère et tout sourire. Pas vraiment. Cela n'empêche pas qu'on aime ça aussi...
Selon Faustin ~ Emmanuelle Richard
Médium de l'école des loisirs (2010) - 180 pages - 10,00€
illustration de couverture : Hélène Millot