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Madelin s’interroge sur un changement de cap en 2012

Publié le 28 juin 2010 par Lecriducontribuable

L’ex-chef de file des libéraux était vendredi au rassemblement des Réformateurs d’Hervé Novelli.

LE FIGARO. – Vous renouez avec la politique ?

Alain MADELIN. – Pas vraiment. J’ai rendu une visite d’amitié à ceux qui représentent le courant libéral à l’UMP. Mais si je suis aujourd’hui en retrait de la vie politique, cela ne signifie pas pour autant que j’ai pris ma retraite.

Le libéralisme a été désigné comme le grand responsable de la crise. Peut-il s’en remettre ?

Je pense que la sortie de crise est une sortie du purgatoire pour les libéraux. Elle fait de leurs propositions une ardente obligation. On nous annonçait il y a peu le retour de l’État, pour discipliner les méchants marchés irresponsables, et on a aujourd’hui le retour des marchés financiers pour discipliner les États irresponsables. La grande nouveauté de la prochaine présidentielle, ce sera d’ail leurs que les programmes des candidats seront observés de très près par les marchés financiers. Si l’on était en 2012, ils accorderaient sans doute un triple A à Nicolas Sarkozy et un BB – à Martine Aubry.

Même si la France ne fait pas les mêmes efforts de rigueur que ses voisins ?

Après l’absurde concours du plus grand plan de rigueur keynésien, lancé par M. Strauss-Kahn, voici qu’on lance celui du plus grand plan d’austérité. Nous avions une dette avant la crise que l’on considérait déjà comme in-sou-te-nable ! Aujourd’hui, l’assainissement, que je préfère au mot rigueur, est incontournable pour tout gouvernement, quel qu’il soit. Il faut rembourser notre dette pour éviter la «madoffisation» de notre économie, c’est-à-dire une situation où l’on est obligé de faire de nouveaux emprunts uniquement pour rembourser les intérêts des emprunts précédents.

Le gouvernement vise le retour à un déficit de 3 % du PIB en 2014. L’objectif est-il tenable ?

Le calendrier est bon, mais il est lié à des prévisions de croissance qui nécessitent une politique de libération de la croissance, parallèlement à la politique de réduction de la dépense publique. Et ce sont là, qu’on le veuille ou non, les deux piliers d’une politique libérale.

La révision générale des politiques publiques ne suffira pas à réduire les dépenses ?

Non. Il faut revisiter le périmètre de l’État, en accroissant la part des activités d’intérêt général soumises à la concurrence et aux choix individuels par rapport à la part de la dépense publique soumise aux décisions politiques et aux choix collectifs.

Comment relancer la croissance ?

Nous avons besoin en fait d’une hypercroissance car nous devons rembourser une hyperdette. S’il n’est pas dans le pouvoir de l’État de fabriquer la croissance, il peut en revanche la libérer. Et l’État a deux leviers pour cela : la fiscalité et la concurrence. Augmenter nos impôts, et tout particulièrement la progressivité de nos prélèvements fiscaux et sociaux comme beaucoup le proposent – y compris, hélas, dans la majorité – serait le meilleur moyen d’étouffer la croissance. Si vous voulez taxer les riches pour des raisons de cohésion sociale, au moins, taxez les riches inutiles, la richesse qui dort plutôt que la richesse qui crée.

Et comment injecter de la concurrence ?

En faisant par exemple fonctionner le marché du travail comme un vrai marché – regardez de ce point de vue le succès de l’autoentrepreneur ! La concurrence, c’est l’ouverture de secteurs étatiques protégés ou hyperréglementés. C’est une source de productivité, de richesse et donc d’emplois.

Vous voyez Nicolas Sarkozy adopter ce projet ?

La question qui va se poser à ceux qui réfléchissent à l’échéance de 2012, c’est un changement de cap. Le «tout est possible» de Nicolas Sarkozy a souvent été interprété comme : «Avec un superprésident et un super-État, on peut tout espérer.» On a oublié le «ensemble». Il va falloir revenir à la formule «l’État ne peut pas tout faire» et donner un peu de consistance au «ensemble». C’est-à-dire traiter les Français comme étant potentiellement des acteurs responsables. Tout l’inverse de la société du «care» proposée par les socialistes, qui veulent étendre la sollicitude de l’État bien au-delà de la frontière de ceux qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes.

(Source)


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