Spartacus : Blood & Sand – Saison 1

Le péplum n’a pas une place de choix sur le petit écran, trimballé entre téléfilms de luxe et rediffusions des classiques du cinéma. L’arrivée de Rome voici quelques années a démontré toute la vitalité du genre, et pourtant après deux saisons la série fermait ses portes, et ça en était terminé. Jusqu’à.. Jusqu’à ce qu’un fêlé de Starz, petite chaîne du câble américain en devenir, décide de remixer le personnage de Spartacus avec 300 (film de Zach Snyder) pour une longue durée.

Nous voici donc avec une livraison de treize épisodes autour du personnage de Spartacus, ex-esclave, ex-gladiateur ayant mené une rébellion de grande envergure contre Rome et ses armées, quelques années autour de la naissance de JC. On connaît tous l’histoire, et Starz a apparemment un plan sur la durée, puisque cette première saison sera consacré uniquement à sa vie de gladiateur. Pas de rébellion ici, ni de grande bataille, mais l’histoire d’un homme, perdant sa liberté pour devenir l’esclave des romains, prêt à être sacrifié et finalement devenant gladiateur pour l’un des hommes les plus en vue d’une ville de province. L’issue de la saison se révèle éminement dramatique, mais il faut bien faire avancer l’histoire, et les scénaristes échafaudent un plan en 13 actes, chacun d’eux amenant Spartacus à se forger une destinée, des camarades et des convictions.

Car il ne lui sera rien épargné. De la mort de sa femme, à celle de son bon camarade par ses propres mains, Spartacus subit le joug et l’autorité de son maître (excellent John Hannah, bien loin de ses Momies comiques) et de sa maîtresse (Lucy Lawless, là aussi loin de Xena ou BSG), entre combats dans l’arène et vie de gladiateur. Mêlant intrigues politiques, amoureuses, rivalités ou amitiés, le Spartacus de 2010 se révèle être une réalité brute, pour une série loin de la pudeur du moment. Ainsi, on n’épargne rien au spectateur, de mutilations en nus totals pour certains acteurs, de scènes de ripailles ou d’orgies livrées à l’écran. On supposera les auteurs de la série fort bien renseignés, et nous voilà placés devant une autre époque, sans autre mascarade que celle de la nature. Du sang, du sexe et des machinations à tout va, voilà une série qui ne se cache pas. Jusqu’à un final dans le sang assez glauque, qui laisse augurer une suite bien plus noire.

Et pourtant si tout nous est montré, il ne faut pas croire à la gratuité de la chose. Spartacus ne provoque pas, mais parle bel et bien de son sujet. Dans l’arène, tout se joue à l’arme blanche, les hommes meurent ou sont blessés, le sang gicle sur l’écran. En dehors, la vie des romains décadents se passent autour des plaisirs de la vie, livrés sans commune mesure (même Rome se montrait plus chaste) pour mieux démontrer l’importance des actes. Mélangés à une image très « 300″ (tournage sur fond vert et réincrustation de la plupart des éléments ensuite..), Spartacus est un vrai pari visuel et créatif, qui s’épanouit seulement dans sa volonté d’aller au fond des choses. Un peu maladroit par moment, la saison monte lentement en puissance pour nous offrir en réalité une présentation des personnages, et la fondation de quelque chose. On attend de voir pour la suite (ou la préquelle, les deux sont en chantier) plus de développement politique et historique. Tout aussi frappante que Rome, la série de Starz reste néanmoins centrée sur l’action, un peu plus maladroite à dérouler le fil de son histoire. Néanmoins voilà une excellente surprise pour cette année, qui verra on l’espère de longs développements.