Mannequin reconnue, âgée de 31 ans, Karen Elson a des goûts musicaux passés de mode. Mme Jack White des White Stripes à la ville livre avec son premier album "The Ghost Who Walks", douze morceaux mêlant folk, influences cabaret et country. Un héritage assumé.
"The Ghost Who Walks" est-il l’aboutissement de votre travail dans la musique ?
Cela fait maintenant une dizaine d’années que je participe à divers projets musicaux. Je fais notamment partie d’un groupe de cabaret depuis 7-8 ans. Mais c’est la première fois avec cet album que je suis en vue comme ça, en première ligne. Il m’a fallu attendre que le bon timing. Avant je n’étais pas prête. Il y a quelques années, j’avais passé plusieurs mois en studio avec des amis, mais à la fin je me suis rendu compte que le résultat n’était pas assez personnel. Il n’en est ressorti que la reprise de "Je t'aime moi non plus" de Gainsbourg en anglais avec Cat Power. Ca vient sûrement de mon expérience dans la mode. Si je sors un disque, il faut que j’en écrive les paroles, les musiques. Qu’il porte ma vision, mon âme.
D’où est venu le déclic ?
Après ma vie ces dernières années a été bien occupée. Je me suis installé à Nashville avec Jack White. J’ai eu deux enfants. Je n’avais pas le temps de composer ou de penser à moi. Puis les choses se sont un peu décantées. Et j’ai composé le disque. Etre à Nashville m’a beaucoup aidé. Là-bas, la musique est un vrai style de vie. Ce n’est pas comme New York où la musique est réservée aux gens cool. Là, mêmes les chauffeurs de taxis jouent le soir dans des bars. Puis les musiciens sont très professionnels. Ca te pousse à jouer du mieux possible.
The Ghost Who Walks :
Comment une Britannique de Manchester se sent-elle à Nashville, berceau de la country ?
A Nashville, je me sens vraiment à la maison. Je retrouve toutes ces musiques que j’aime. Ce gospel propre au Sud des Etats-Unis. J’ai toujours adoré Hank Williams ou des groupes comme Mazzy Star. Et surtout Nick Cave. Même s’il est Australien, il a porté le genre très haut. Avec une musique sombre, pleine de mystères.
La production du disque reste pourtant moderne…
Difficile à dire. Jack n’utilise que des instruments analogiques, des antiquités. Mais il a sans doute le souci de donner un air frais à des musiques plus traditionnelles. Si ça ne tenait qu’à moi, je resterai coincé dans le passé. Comme dans les années 1930. J’admire tant d’auteurs et de musiciens de cette décennie.
Votre écriture est très imagée ?
J’aime raconter de petites histoires, mais pas raconter ma vie de tous les jours. Je veux poser de petites images qui emmèneraient les gens vers un ailleurs. En tant que modèle ou qu’artiste, je suis d’abord quelqu’un de très visuel. Les images, c’est essentiel pour moi. Ma création se joue là.
Stolen Roses :
L’album aborde des genres très divers…
Au niveau des influences, j’avais un peu peur de m’éparpiller. Dans le disque, on retrouve des éléments psychédéliques, du folk britannique, du cabaret. Il m’a fallu me demander où était ma propre voix dans tout ça. Ca a été une lutte difficile par moment. Au final, je crois que ma personnalité se reflète dans cette diversité. Je suis totalement influencé par la musique du passé. Mais c’est comme ça que fonctionnent tous les artistes. Mêmes les musiques les plus modernes sont nées, peut-être inconsciemment, de sons composés avant elle.
Comment voyez-vous la suite ?
Une fois composées les chansons prennent vie de manière inattendue. Un morceau que j’avais écrit en référence au Dust Bowl me semble maintenant la bande son parfaite du film "The Man who Fall to Earth" avec David Bowie. Quelque chose de moderne, presque futuriste. Là, je commence déjà à réfléchir à mon second disque. Pour le premier, c’est comme si tout ce que j’avais emmagasiné avait eu besoin de sortir. Pour le second, je voudrais un son plus profond, chanter avec mon cœur.
Recueilli par KidB
The Birds They Circle / 100 Years from now