La Chine affiche sa puissance, l’Inde s’engouffre dans l’avenir, le Brésil se développe, les Etats-Unis restent au cœur du jeu. Et l’Europe? Elle a 60 ans. Je trouve que c’est un peu jeune pour partir à la retraite. Malgré la pénibilité de ses travaux.
L’Europe est fragile, dispersée. Il a fallu le gouffre d’un crise monétaire pour que tout le monde (ou presque) affirme (enfin) la nécessité d’une gouvernance économique européenne, une idée pourtant logique avec l’euro.
Il faut bien en comprendre les conséquences. L’Union européenne n’est pas un chœur harmonieux, mais un brouhaha d’égoïsmes où chaque Etat joue sa petite partition. Il faut donc un chef d’orchestre, qui assure la cohésion de ses décisions et répondent à l’intérêt général des Européens. Il faut pour cela transférer une part de la souveraineté nationale à l’échelon européen. Et les domaines dépassant la compétence des Etats et qui exigent une gouvernance européenne, ne manquent pas : économie, finance, énergie, environnement, immigration, défense…
Je plaide en faveur de cette gouvernance européenne. Donc d’un transfert de souveraineté nationale vers l’échelon européen. Les chefs d’Etat n’y sont guère favorables. Je crois que les citoyens européens le sont davantage. Si on précise bien qui sera responsable.
Le traité de Lisbonne a donné davantage de pouvoirs au Parlement européen. Pas assez. Mais nous avons ici un embryon de démocratie européenne qu’il faut faire grandir, qu’il faut doter d’une légitimité européenne à laquelle pourra s’adosser une gouvernance européenne, un gouvernement européen.
Il faut aussi (re)politiser l’idée européenne et sa construction. Un gouvernement européen progressiste ne mènera pas la même politique qu’un gouvernement conservateur, fut-il européen.
François Hada
Photo de Cédric Puisney