Etat chronique de poésie 929

Publié le 28 juin 2010 par Xavierlaine081

929

Ne regrettons rien des temps anciens : à trop les regarder, nous finirions par nous persuader qu’ils furent d’or.

Il serait très « tendance » de faire croire qu’autrefois tout aurait été bien plus idyllique qu’aujourd’hui.

Simplement nous pourrions regretter ce que l’histoire nous enseigne de la vie d’autrefois. Y regarder de plus près ce qui était créateur de lien, ce que désormais nous ne savons plus faire.

Car à jeter les vieilleries par la fenêtre, on regrette parfois son geste.

Mais il est alors trop tard. Ce qui a été jeté aux poubelles de la mémoire est enterré six pieds sous terre avec ceux qui avaient le savoir-faire.

Plus rien ne peut être réactivé sinon à aller plonger en fastidieuses recherches dans les arcanes des traces délaissées, entre les pages…

Quoi, nous serions condamnés à une dépendance certaine ?

La culture d’un peuple laborieux effacée, à qui profite le blanc laissé au cœur de nos mémoires ?

Il fut un temps qui n’était pas béni, certes, mais où nous savions, de chaque quartier d’une ville construire les fêtes qui convergeaient alors, en cortèges chamarrés, jusque sous les remparts. Les joyeux défilés suivaient alors le boulevard. Les orchestres qui fleurissaient un peu partout convergeaient à leur tour et encerclaient la ville dans une sérieuse cacophonie. La liesse pouvait alors s’emparer de la foule qui dansait jusque sur les épaules de l’aube.

Rien à voir avec trois tristes chars importés à grands frais, parmi une foule clairsemée, plus avide à dépenser ses deniers en vains manèges de luxe, au risque, une fois redescendus du septième ciel tonitruant, le cerveau dégrisé, de mesurer avec effroi la débâcle financière.

Qu’une ville entière soit la proie de ces marchands du temple, prêts à tout pour assujettir un peu plus le miséreux, voilà qui devrait être un étonnement constant.

Rien pourtant ne filtre qui trahirait notre inquiétude. C’est l’indifférence complice qui domine.

Et, demain, les paris peuvent être pris que ceux-là qui râlent le plus seront les premiers à voter avec leurs pieds.

L’esprit de résistance n’est pas inné : c’est tout un travail que d’en épandre la semence.

Manosque, 17 mai 2010

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