Envahis ?

Publié le 27 juin 2010 par Juval @valerieCG

Pour beaucoup d’experts commentateurs sportifs, la défaite française lors de la coupe du monde serait due au fait que certains joueurs ne seraient pas bien français. Un peu noirs. Ou immigrés. Ou musulmans. Ou les deux.

Et donc l’échec de l’équipe de France serait
- la démonstration de l’échec de l’immigration.
- que c’était quand même mieux avant quand on était entre français.
- que le débat sur l’identité nationale était en fait un vrai débat
En clair, si on mettait des français de souche, comme avant, tout ceci ne serait pas arrivé.

Je suis allée chercher la composition de l’équipe de France de foot. En 1954. Quand on n’était pas encore envahi oui : Claude Abbes (espagnol), François Remetter (yéniche), César Ruminski (polonais), Guillaume Bieganski (polonais), Abdelaziz Ben Tifour (algérien), Abderrahman Mahjoub (Maroc), Léon Glovacki (polonais), Raymond Kopa (polonais).

Huit joueurs issus de l’immigration.

Et on adorait cela à l’époque, jugez plutôt.


Sport digest, 1953

Ah on savait rigoler à l’époque.

Je sais qu’on adore conserver l’image d’un immigré espagnol, polonais ou italien gentiment intégré, qu’on n’a jamais considéré comme un voleur, à l’hygiène douteuse, et aux mœurs barbares.  Ceci ? Un fantasme.
Cela ? Des épiphénomènes.
Nos nationalistes racistes adorent penser à Kopa - sans jamais se souvenir de ce que les polonais ont enduré en France - en voyant l’immigration des années 30-50 comme une sorte d’âge d’or. Le révisionnisme poussé à ce paroxysme laisse rêveur.

Miroir sprint, 1954

Revenons en à notre équipe de 2010.  10 joueurs d’origine étrangère ; alors mon con, elle et où ton invasion ?

en complément :
Football minier et immigration. Les limites de l’intégration sportive dans les années trente
Exposition : “Football et immigration”