Après la reconquête de Sevilla par les catholiques, la région andalouse était un beau mélange d'arabes, de juifs et de catholiques. L'époque n'étant pas très portée sur les accommodements raisonnables, certaines mesures ont alors été prises pour unifier un peu le secteur... Les maures se sont vus offrir deux choix: l'exil vers le sud (aujourd'hui le Maroc) ou la conversion. Les juifs ont été chassés de Toledo et, avec ceux déjà présents à Sevilla, ont été invités à s'installer dans le quartier près de l'Alcazar, qui est alors devenu la Juderia. Ils ont convertis des mosquées en synagogues (cet élément me fait toujours sourire, comme la conversion de synagogues ou mosquées en églises... hum) et ont habité le secteur avant d'être chassé d'Espagne et que les catholiques reprennent le quartier et en rebaptisent certaines paroisses (San Bartolome et Santa Cruz sont toutes deux érigées sur les restes de synagogues).
Après une conversion/démolition/reconstruction des synagogues en églises catholiques, et quelques modifications urbaines pendant les siècles suivants, l'ensemble de la Juderia a pratiquement disparu de Sevilla.
Toutefois, quelques petites rues collées le long des fortifications maures de l'Alcazar sont restées en l'état. Et l'ensemble de ces rues et ruelles portent encore le nom de Juderia, à Sevilla, même si aucun juif n'y habite, et que l'ensemble est peuplé de locaux et touristes en visite.
La rue principale du quartier, justement nommé Juderia, est assez représentative: c'est un cul de sac!
On en sort par le petit passage sous l'édifice que l'on voit ici, à gauche.
Ce passage-tunnel donne aussi accès à quelques habitations au premier plancher.
De l'autre côté, on accède à une cour attenante à l'Alcazar, où - ces jours-ci - on procède à des fouilles archéologiques révélant des structures qui datent probablement de l'époque maure ou romaine.
Sinon, l'accès à la Juderia se fait par l'entrée à grillage que l'on aperçoit ici en bas à gauche. Avec le passage-tunnel de l'autre côté, ce sont les deux seuls accès à ce petit secteur historique de Santa Cruz (ce qui explique peut-être pourquoi plusieurs touristes ne s'y rendent jamais).
Par la même porte grillagée, on peut voir l'ouverture sur une petite place touristique de Santa Cruz, donnant accès à tout le centro.
De retour dans la Juderia, sur la Calle Susona - anciennement appelée Calle de la muerte ("Rue de la mort"). Cette rue, parallèle à la Calle Vida ("Rue de la vie"), porte aujourd'hui une plaque en céramique à la mémoire de "La belle Suona ben Suzon", qui donne son nom espagnol à la rue Susona.
Plusieurs variations de l'histoire de Susona circulent ici et là. Selon l'une de ces versions, Susona était une juive amoureuse d'un chevalier catholique. Étant témoin d'une conspiration pour assassiner les membres de l'inquisition - et son chevalier - elle aurait prévenu son amoureux. Des représailles sanglantes ont été entreprises, lors de lesquelles sa famille a été tuée. Susona a demandé que son crâne soit placé au-dessus d'une porte pour témoigner de sa trahison. On raconte que le crâne est demeuré là jusqu'au 18e siècle, et qu'il a alors été remplacé par un azulejo le représentant. Aujourd'hui, on retrouve cette plaque en céramique en ce lieu (ce qui est moins lugubre).
Une variation est aussi racontée dans la chanson "El paseo de los tristes", du groupe hard rock espagnol Mago de Oz.
La cajeron de agua ("Ruelle de l'eau"), où on retrouve aussi un passage (qui a l'air d'un cul de sac, mais n'en est pas un, il débloque sur les murailles de l'Alcazar).
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