Comme notre Saint Nicolas de l'Élysée, qui sillonne la planète avec sur le dos sa hotte pleine de contrats à signer, il est dans le monde du sport un homme qui ne tient plus en place.Philippe Lucas, l'entraîneur déchu de Laure Manaudou, brûle de changer d'air. Marre des odeurs de chlore et des nageurs qui vous jettent comme un vieux kleenex. Ras l'indéfrisable de la Fédération française de natation, des "tringles" qui rechignent à s'entraîner, des amourettes de jeunes filles en fleur, des déplacement en monospaces même pas équipés d'un lecteur CD valable pour lire son intégrale de Johnny…
"Bling, Bling" Lucas veut troquer les bassins et les athlètes imberbes aux carrures d'albatros pour les pelouses de Ligue 1 et les footeux aux pattes poilues. Depuis le temps qu'il serine sur tous les toits que le ballon est pour lui ce que les courtines sont à Omar Sharif ! Son dada, sa passion ! Même qu'il nous fait désormais partager chaque dimanche sa science du jeu dans France 2 Foot, seule émission du PAF dans sa catégorie à faire fuir l'audience et donner au Jour du Seigneur des airs de prime time. C'est pourtant pas faute de voir notre lascar se dépenser, lui, le fan assumé du Paris Saint-Germain de frère Le Guen, ce qui par les temps qui courent est, convenons-en, un bel acte de foi.
Dans le monde impitoyable du foot business, notre hyper-coach en marcel devra pourtant être rudement costaud pour ne pas finir en string. Côté look, de singulier dans le milieu de la natation, son goût pour les bagouzes, les gourmettes, les lunettes noires et le "ouakenwall" risquent de le faire passer pour le gentil cousin de province qui s'encanaille. Les joueurs de foot sont des épées dans l'art de la sape. Des santiags d'accord, mais achetées uniquement chez le seul designer tendance d'Austin, Texas, et avec du John Galliano sur le dos… Pour la Zik aussi, Philou doit s'attendre à une sévère mise à niveau. Le dernier fan revendiqué de Johnny Hallyday en activité dans le championnat s'appelait Tony Vairelles et il y a longtemps qu'il ne traîne plus sa coupe de rebelle de l'Artois - court devant, mais nuque filasse…- sur les terrains de France.
Enfin, si notre sympathique rouleur de mécaniques s'attend à voir les footeux lui témoigner plus d'égards que ses anguilles chlorées, il va au-devant de grosses désillusions. S'il y a bien une chose que les pros du ballon rond ignorent, dans leur immense majorité, c'est la reconnaissance. Dans un milieu où l'égoïsme et la putasserie sont des vertus cardinales, le staff technique et tout ce qui gravite autour arrivent très loin dans l'ordre des préoccupations des divas de la balle. À côté, la natation c'est le monde enchanté de Oui-Oui et ses amis. Philippe Lucas a beau y avoir longtemps joué avec succès l'ours mal léché, rien ne dit qu'il décroche un aussi beau rôle dans son prochain casting…