Je continue à préparer mon prochain opus et pour cela relit "L'identité de la France" de Braudel (tome 1 : espace et histoire". J'en tire quelques jolies pépites.
1/ "Je ne conçois l'hexagone qu'inscrit dans la sphère" écrit Paul Morand (p. 14).
2/ "Alors qu'il n'y a pas une France mais des Frances, de même qu'il n'y a pas une Bretagne mais des Bretagnes; une Provence mais des Provences comme le clamait Giono; une Bourgogne mais des Bourgognes, des Lorraine, des Franches-Comtés, des Alsaces..." (p. 33) : ceux qui dénoncent le centralisme français qui opprimerait des régions devraient se souvenir que leur position régionaliste est elle même essentialiste et méconnaît la diversité sous-jacente de ces régions.
3/ "On ne peut parler de l'"unité" de la Bourgogne que dans le sens où l'on parlera de l'unité de la France elle-même. L'une comme l'autre vivent selon plusieurs plans étagés, le singulier au sommet, le pluriel à la base.Je crois donc utile, essentiel de répéter avec insistance "N'oubliez pas que la France est diversité", comme André Siegfried, obstinément et sans fin, disait à ses élèves : "N'oubliez pas que l'Angleterre est une île".
4/ Il reste que je suis un peu insatisfait devant cette affirmation : quel pays au monde n'est pas "diversité" ? qu'a la France de plus qui la fait réellement si diverse ? n'y a-t-il pas pareillement une opposition entre Allemagne du Nord et du sud, de l'est et de l'ouest ? Italie du Nord et du sud et des îles ? Russie d'Europe et Russie d'Asie? côte Est et ouest américaine ? Chine des rivages et Chine de l'intérieur ?
5/ A propos du Massif Central, "forteresse presque au milieu exact du territoire d'où divergent les eaux, les routes et les hommes" (p. 49) : "il les sépare, c'est vrai, mais en même temps il les joint, les nourrit de ses émigrations répétées, les plus abondantes de toute la France. "Oui, c'est un château d'hommes", s'exclame Jean Anglade". (voir mon billet sur le sujet).
La suite au prochain numéro...
O. Kempf