« L’impasse » de Brian de Palma (Universal)
Sortie cinéma : 23 mars 1994
Disponible en DVD depuis le : 30 mars 2004
En Blu-ray le : 29 juin 2010
Le film
4 out of 5 stars
Les bonus
3.5 out of 5 stars
Ce film j’ai dû le voir deux ou trois fois, et je n’arrive toujours pas à le saisir. Je l’aime beaucoup, mais le mécanisme qui l’anime m’échappe On part sur une vision de gangsters dans le filon « Scarface », et d’ailleurs le réalisateur, l’acteur et le producteur sont les mêmes. Après une scène de fusillade mémorable dans l’arrière salle d’un bistrot, on vire sur un film plutôt noir où les personnages prennent le pas sur l’action. La technique de la voix off quand le héros se remémore toute sa vie avant de mourir « est un concept classique du film noir » reconnaît Brian De Palma, qui cite sa référence majeure en la matière « Boulevard du crépuscule » de Billy Wilder .Quant au final, c’est de la haute volée : une chasse à l’homme comme on n’en voit plus aujourd’hui.
:Le tout mixé sur un scénario peaufiné à la virgule près, qui laisse entendre qu’il s’agit bien d’une comédie. Soulignée à ce point, cela devient de la parodie. A force d’en rajouter dans les dialogues, les portraits et les références ( Pacino raconte qu’il n’est pas là pour jouer comme Humphrey Bogart ) on sourit beaucoup et un personnage comme Benny Blanco, joué par John Leguizamo , ou Jorge Porcel dans le rôle du tenancier de club ( Saso ) , donne plutôt dans la caricature .
Un avocat de plus en plus marron, un malfrat de plus en plus honnête...
Aujourd’hui c’est donc sous cet angle que j’ai revu avec un infini plaisir Carlito Brigante libéré de sa prison new-yorkaise, grâce à son ami et avocat David Kleinfeld, à qui personnellement je ne confierais pas mes affaires. C’est devenu un homme du milieu, et entre deux plaidoiries ses magouilles risquent de lui coûter la vie. Carlito, magnifiquement interprété par Al Pacino ne veut même pas en entendre parler. Il préfère économiser pour s’assurer une retraite paisible avec Gail, sa compagne danseuse et strip-teaseuse, dont il est follement amoureux. Carlito est un romantique qui s’ignore.
Mais l’histoire est bien connue : un malfrat demeure un malfrat surtout quand vous avez comme compagnie « à la vie, à la mort », le fameux Kleinfeld (Sean Penn méconnaissable, et impeccable) par qui le malheur arrive.
Sa bourde fatale sera l’ultime point de rupture de « L’impasse » qui tombe à cet instant le masque et fait feu de tout bois pour rappeler que question suspense, Brian de Palma est passé maître en la matière. Pour mieux observer ce petit monde qui du sol au balcon s’agite avec une frénésie dévastatrice.
Les fauves sont lâchés, le réalisateur jubile et nous avec. Des scènes sont devenues mythiques. Je n’en citerai que deux : Pacino à la porte de l’appart de sa copine, Penelope Ann Miller , alors éblouissante et la conclusion ferroviaire qui nous renvoie à « Scarface » dont l’allusion dans les bonus est vraiment anecdotique. A bien y regarder (mais il faudrait que je le revoie), l’un et l’autre me semblent complémentaires. Comme dans le prolongement d’un rêve américain qui flingue à tout va.
LES SUPPLEMENTS
Rencontre autour du film.
Brian De Palma évoque l’histoire de ce film pour lequel il ne s’est pas précipité. « Le scénario à l’origine ne me plaisait pas, des gangsters qui parlaient espagnol, je n’avais pas envie de revenir à ça, même si je l’avais déjà fait avec “ Scarface”. » Chez le producteur Martin Bregman , le son de cloche est le même « mais Al tenait tellement à jouer ce personnage ».
Autour d’une adaptation-
C’est d’après l’œuvre de Edwin Torres « Carlito’s Way » et « After Hours » que le scénariste David Koepp a planché en retenant principalement la période du second bouquin, mais en conservant le titre du premier. Le romancier assure qu’il a connu tous les protagonistes du film (« Carlito c’est un mélange de trois types que je ne peux citer afin de les protéger ») avec des dialogues rapportés in extenso. Et quand il se promène encore aujourd’hui dans Harlem, beaucoup de gens l’abordent et se réclament de Brigante. « Je les ignore, je leur dis qu’ils sont moches et qu’ils n’ont jamais tué personne »
Sean Penn, un look qu'il s'est choisi lui-même...
Scènes coupées
Le making of
La scène de la fusillade dans le bistrot est longuement explicitée, De Palma évoquant au passage, le talent de Pacino, « la beauté de ses gestes. Le regarder bouger et pouvoir le filmer c’est formidable surtout qu’il a compris ma façon de filmer, avec une perspective très particulière. (…) Montrer un espace, c’est introduire un personnage de façon originale afin que l’impression visuelle soit faite ».