Vincent y logeait depuis un mois.
Il y a 30 jours, il terminait un long voyage qui l'avait fait passé par l'Angleterre (Debbie), l'Irlande (Patty) La Suisse (Maria), la Belgique (Sèverine), l'Allemagne (Adriana) et la France.
Dans chaque ville il avait réussi à se dénicher une fille avec qui danser dans les draps la nuit. Sauf en France. Où il ne les trouvaient pas belles. Trop maigres. Les seins dénudés sur les plages lui suffisait amplement de toute façon. Depuis un mois il logeait dans une chambre d'hôtel du Boulevard Saint-Michel et il n'avait pas fait l'amour à quiconque. Pas même à sa main.
Il se demandait si il en étais bien ou si il restait paralysé à procrastiner dans cette chambre d'hôtel, dans cette ville qui lui étais étrangère, lui qui étais Québécois d'Amérique et pas vraiment Français; il se demandait donc si il était "gelé" en France parce qu'il n'avait pas baisé ou si au contraire il avait trouvé l'endroit où passer le reste de ses jours quand le téléphone a sonné.
Patty était en ville. Patricia Heaney avait été rencontrée alors qu'elle vendait des fleurs à Dublin. Ils lui avait acheté des fleurs, des pintes de bières et ils avaient passé trois jours ensemble. Entremêles de toutes sortes de choses. Dont cette divine connerie: les sentiments.
Sa présence soudaine en France en était la preuve.
Quand elle apparue à la porte de sa chambre, il la trouva plus belle encore que lorsqu'il l'avait rencontré. Il eût honte de s'être lui-même laissé aller. Il avait pris du poids et arborait même une moustache.
Pendant que dehors la canicule caniculait.
Pendant que dans la chambre voisine une transaction douteuse se produisait, dans la leur une transaction de fluides s'opérait.
Ce plaisir partagé fût consommé pendant 4 heures. Sans dire un mot. En faisant plusieurs simagrées. En multipliant les onomatopées.
Une fois rhabillés ils se sont parlés.
"Tu me promets que nous resterons des amis peu importe ce qui arrivera entre nous?" lui demanda-t-elle.
"Je te promets de ne jamais être seulement ton ami" répondit Vincent
"Comment on fait pour la suite, je pars demain" dit-elle
"Comment?"
"En train"
"Je peux t'accompagner dans le train...qu'est-ce que tu fais?"
"Je te rase ta moustache, elle me pique" dit-elle en s'allumant une cigarette.
"To smoke is so passé"
"To make love in an hotel with a stranger as well" répondit-elle, ses yeux verts-océan-grec plantés dans les siens.
Elle lui mis sa cigarette dans la bouche et lui rasa la moustache.
"C'est dangereux comme ça" dit Vincent.
"Ça ajoute du challenge, c'est dangereux aussi de faire autant de kilométrage pour un gars dont on sait presque rien sinon qu'il nous fait du bien"
"Je fume pas enlève-moi ça de la bouche c'est dégueulasse"
"Je ne me donne pas à n'importe qui, ce serait dégueulasse, j'arrête de fumer et tu pars en train avec moi demain"
"Je pars avec toi demain mais t'es pas obligée de cesser de fumer, je pourrais jamais te trouver dégueulasse"
"Même si j'étais enceinte?"
"Même si...quoi?"
Le lendemain matin, Vincent tournait le dos à l'Hôtel du Boulevard Saint-Michel et voguais en train avec la mère de son enfant.
En souhaitant que ses yeux verts à elle, mêlés à ses yeux bleus à lui créé une nouvelle couleur qui soit le fruit de leur union dans les yeux de leurs enfants.
Même si il n'existe que trois couleurs de yeux officiellement, le brun, le bleu et le vert.
Il la dévisageait durant le trajet et dans ses yeux ce qu'il voyait c'était un arc-en-ciel.
Il l'aimait. Il croit qu'il l'aimait. Il se demandait.
"Je ne sais pas si nous aurions pu être amis dans la vraie vie. Pas en tant qu'amants mais en tant que vraies personnes"
Ne restais plus qu'à lui d'aviser sa blonde du Québec et elle son chum de Dublin.
C'est ce qui logeait dans leur silence.
Fébriles, inconfortables et confus.
Donc amoureux.