Indignation, scandale, aberration. Tels sont les premiers mots qui me sont venus aujourd’hui en découvrant avec stupeur et un certain mécontentement que le nouveau film de Park Chan-Wook,
« Je suis un cyborg », ne bénéficie d’une diffusion dans uniquement 8 salles en métropole donc quatre concentrées sur Paris. Quelle peut donc être la raison
d’un tel embargo sur cette nouvelle pépite venue de Corée surtout quand on sait qu’elle ne nous vient pas d’un obscur inconnu mais du réalisateur du formidable Old Boy, couronné à Cannes du Grand
prix du jury en 2004 ?
Comment expliquer que son nouveau film, sélectionné au festival de Berlin 2007 et ayant obtenu à cette occasion le prix Alfred Bauer, récompensant le film le plus novateur de la sélection soit si peu présent dans les salles en ce jour de sorties alors que des poids lourds tels que «Le renard et l’enfant » ou bien « Bee movie » sortent simultanément dans plus de 600 salles, bénéficiant parfois même de plusieurs salles au sein du même cinéma ? Trop original, pas assez adulte et noir comme le fut la « trilogie de la vengeance » du même auteur ? Mais de qui se moque-t-on ?
Voilà de nouveau une preuve affligeante que la place faite à un cinéma d’auteur exigeant et innovant se réduit de plus en plus au profit d’un cinéma commercial qui fait vendre du pop corn et remplit les tiroirs caisses de succursales qui en veulent toujours plus. A ce train là pourront-nous encore parler de septième art dans quelques années ? J’en doute. La situation devient de plus en plus consternante.
Autre exemple ne datant que de quelques semaines : « Souffle » de Kim Ki-Duk, autre réalisateur coréen émérite, qui avait d’ailleurs bénéficié d’une sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2007, s’est vu sortir dans 8 malheureuses salles. Comment expliquer une telle situation ? Je ne peux donc m’empêcher de vous manifester mon indignation face à un tel fait.
Il faut désormais et plus que jamais s’ouvrir au cinéma de divers horizons et de grande qualité, alors à vous public de réagir en acceptant de vous laisser transporter par d’autres cultures, d’autres artistes qui n’en sont pas moins méritants et talentueux. A vous public de ne plus vous précipiter sans attendre sur la nouvelle comédie française fadasse ou le dernier blockbuster américain afin de prendre le temps de découvrir, soutenir et encourager des cinématographies différentes qui n’en sont pas moins enrichissantes.
Il est temps de devenir plus exigeants sans quoi le cinéma en tant qu’art finira par rendre l’âme car nous aurons lâchement vendu la notre à l’industrie et au business.