Les Américains font depuis longtemps pression sur la Chine pour qu’elle réévalue fortement sa monnaie, le yuan. Au G20 à Toronto, la Chine fait mine d’accéder a leur demande en annonçant la désindexation du yuan sur le dollar, donc le retour à un régime contrôlé de change flottant comme avant la crise financière. Dans ce système, le « peg », en vigueur depuis 23 mois, le yuan fluctuait à l’intérieur d’une marge très étroite avec le dollar autour de 6,8 pour 1. Mais les sénateurs américains qui fulminent contre la sous-évaluation chronique du yuan, jugée déloyale, ne vont pas être rassérénés pour autant : il y a quelques jours, la banque centrale chinoise a déclaré qu’il n’était pas question d’une forte réévaluation de sa monnaie nationale. Les experts tablent sur une hausse très modérée, de 1 à 2%, d’ici la fin de l’année. Pas de quoi rééquilibrer le commerce international : la monnaie chinoise est sous-évaluée de 40% et les exportations ont augmenté de 48,5 % cette année, selon les chiffres publiés le 10 juin.
Les Chinois indiquent que leur monnaie sera indexée sur un panier de devises, dont l’euro, déprécié en ce moment. Le yuan pourrait donc tout aussi bien fluctuer à la baisse. Au bout du compte, les milieux financiers sont perplexes sur l’évolution du cours du yuan dans les prochains mois. Tout cela pourrait n’être qu’un effet d’annonce pour calmer les partenaires commerciaux à l’occasion du G20 de Toronto.
On ne peut donc pas compter sur une vigoureuse appréciation du yuan pour augmenter substantiellement la consommation intérieure chinoise et améliorer le commerce extérieur des partenaires de la Chine. Ce facteur clé des déséquilibres mondiaux va perdurer, contribuant à attiser la crise systémique.