Cypress Hill : Rise Up

Publié le 26 juin 2010 par Crazyhorus

Voilà depuis Till Death Do Us Part paru en 2004, que le plus cannabique des groupes de la côte californienne ne nous avait pas régalés de leurs lyrics opiacés. Six longues années durant lesquelles chaque membre a vaqué à ses occupations : B-Real profitant de cet intermède pour livrer son premier opus Smoke N Mirrors sorti en 2009, soit un an après le Diary Of A Man Dog de Sen Dog. De son côté Eric « Bobo » a entrepris la réalisation d’une première galette intitulée Meeting Of The Minds aux saveurs afro-cubaines alors que DJ Muggs tentait tant bien que mal de sortir la tête de l’eau après son épique collaboration avec GZA sur Grandmasters (2006).

Si beaucoup admettent difficilement que depuis Stoned Raiders (2001) Cypress Hill n’a plus cette verve fraiche qui a contribué à forger son identité et sa réputation, le groupe a tout de même conservé une assise solide au sein de son milieu originel. Malgré le dépérissement qualitatif du plus célèbre quartet latino du rap US, l’attente d’un prochain album parvient inéluctablement à raviver une lueur d’espoir, aussi minime soit-elle.

Quoi donc de plus approprié comme titre pour un retour tant attendu. Le « bien nommé » Rise Up en dehors de toute renaissance purement factuelle, évoquerait-il un retour à ce bon vieux son fumant et psyché qui a longtemps accompagné les trips fantasmagoriques de la jeunesse Hip Hop des années 1990 ? Réponse sur quinze pistes furibondes et sauvagement goudronnées qui ne laisseront pas indifférent.

Fidèle à ses inclinaisons rock, Cypress Hill a toujours été partisan d’un cross over assumé qui au fur et à mesure du temps s’est affirmé jusqu’à envahir l’espace de guitares saturées dont Rise Up ne fait pas l’économie et qui s’apparente plus à du rock « bon marché » qu’à une réelle inflexion musicale (« Trouble Seeker », « Rise Up », « Shut ‘Em Down »). Avec une telle direction artistique, le groupe risque plus d’attirer les amateurs de rock californien que les connaisseurs de la première heure… Du côté des productions, Muggs n’obtient plus l’exclusivité et a dû laisser sa place à d’autres larrons comme B-Real, Sick Jacken, Pete Rock, Jake One, Khalil ou encore Jim Jonsin. Peu convaincants dans l’ensemble, ceux-ci ne parviennent pas à insuffler un intérêt réel à des morceaux souvent exsangues, aux articulations faciles, insipides voire totalement ringardes (« Armada Latina », « K.U.S.H. », « Get It Anyway », « Pass The Dutch », « Bang Bang »). Fleuretant continuellement avec le pathétique et le médiocre, Rise Up est un peu entre Charybde et Scylla. La situation ne laisse aucune autre alternative qu’un avenir funeste dont le salut ne viendra pas de l’étroitesse musicale d’un « Light It Up » (produit par Pete Rock), ou d’un « It Ain’t Nothin’ ». Seul au milieu de ce désastre, Jake One s’élève de manière significative avec son « Armed & Dangerous », porté par des nappes aériennes sublimes qui confèrent au morceau un certain onirisme qui contraste nettement avec le mauvais goût dominant. 

Quant à B-Real, il aura beau déployer un flow toujours aussi flamboyant, backé par l’inoxydable Sen Dog, force est d’avouer que ce retour canon tant annoncé s’avère être au final une pichenette bien risible. Ce qui devait être salué comme un nouvel élan musical, fait plus penser à une bande son pour bikers sur le retour qu’à un véritable album.