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Retraite à 60 ans - Sarko, Fillon & Woerth… toujours aussi autistes : attention à la «marche» !

Publié le 26 juin 2010 par Kamizole

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«Attention à la marche» ! La plupart d’entre-vous n’aura certainement pas lu ce titre de Libé qui barrait sa Une le 23 mars 1979 quand les sidérurgistes lorrains déferlaient sur Paris en une gigantesque vague. Mobilisés contre le «plan acier» concocté par le commissaire européen – belge et… socialiste ! – Ernest Davignon avec bien en-tendu l’aval de Giscard d’Estaing et Raymond Barre et tous les ministres et qui fut un des premiers actes liquidant l’industrie française… Les prétendus «canards boiteux» qu’il fallait «dégraisser» (sic !).

«Quand on est con, on est con, le temps ne fait rien à l’affaire»…encore que le même Brassens chantait également «Les bourgeois, c’est comme les cochons / Plus ça devient vieux, plus ça devient bête / Les bourgeois, c’est comme les cochons / Plus ça devient vieux, plus ça devient…». Tout ça pour bien montrer que si j’emploie à dessein un langage peu châtié, j’use néanmoins de lettres de référence.

Nicolas Sarkozy, François Fillon – il reprend la main aujourd’hui mais sa com’ montre à l’envie qu’il n’a rien compris au film des manifestations monstre de jeudi – et Eric Woerth campent sur leurs positions. Grand bien leur fasse ! Ils en sont – défense aussi débile que dérisoire – à contester l’ampleur des défilés. Je vais donc la leur jouer graveleuse : il ne la «sent pas» le Woerth ? Qu’il attende septembre, on la lui enfoncera encore plus profond…

S’il est encore là ? Pas sûr, de sérieux nuages continuent de s’amonceller sur sa tête. Chaque jour un peu moins droit dans ses bottes au fur et à mesure des révélations… Se souvenir d’Hervé Gaymard s’enferrant dans ses mensonges mais obligé de démissionner après une dizaine de jours d’intenses polémiques. Il risque fort d’éternuer dans la sciure – mort politique - sur l’échafaud médiatico-politique !

Tout ce qu’ils trouvent, c’est minorer le nombre de manifestants… Pas nouveau sous le soleil. Preuve que les flics de Sarko n’ont toujours pas appris l’arithmétique la plus élémentaire. De 797.000 (police) à 1,9 million de personnes dans la France entière selon les syndicats, lis-je dans Les Echos – pourtant nullement favorables à ces derniers – du 25 juin 2010 Retraites : la mobilisation prend de l’ampleur, le gouvernement est prêt au bras de fer. Idem pour Paris où le cortège a rassemblé 47.000 personnes selon la police, 130.000 selon les syndicats.

J’y étais. Avec le Parti Socialiste, sur le boulevard des Filles du Calvaire, un peu au-dessous du Cirque d’Hiver. J’ai passé suffisamment d’heures sous le cagnard – de généreux coups de soleil en témoignent – à voir passer le long cortège des syndicats pour savoir que la mobilisation était suffisamment massive pour invalider les chiffres policiers. Encore, faut-il y ajouter tous ceux qui remontaient ou redescendaient sur le trottoir.

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N’en pouvant plus et le dos en capilotade, je suis partie avant la fin du défilé entre 17 h et 17 h 30. J’ai suivi le boulevard jusqu’à République – ce n’est pas très long. La queue n’avait pas encore démarré, une voiture de police fermait la marche juste devant le début du boulevard Magenta. Ce fut une manif vraiment unitaire. Cette fois, FO n’a pas boudé la fête – je suis certaine que la base militante ne l’aurait pas pardonné ! – et les bataillons “orange” étaient présents en grand nombre, aussi bien en termes de participants que de sections syndicales et fédérations. Les vuvuzelas font leur entrée en force dans les cortèges. Mais les échos de leur assourdissant vacarme n’ont pas porté jusqu’au n° 88 de la rue Saint-Honoré non plus qu’à l’Hôtel Matignon. Trop bonne “isolation” ?

J’ai noté que l’on s’égosillait fort dans une camionnette de Sud en fustigeant «le gouvernement de m…». Quelques banderoles parmi les plus significatives, bien vues et marrantes notées au hasard – j’ai toujours carnet et stylo dans ma poche ou mon sac. Vue collée sur une camionnette : «Sarkozy, Domenech, mêmes méthodes, même résultat : la coupe est pleine !»… Toujours dans la veine footbalistique : «Sarkozy, Woerth, encore un effort : bientôt la France deviendra championne du monde de la corruption !»… Encore ne savaient-ils pas – je ne l’ai appris que hier midi – que pendant que la France grondait, Nicolas Sarkozy recevait… Thierry Henry à l’Elysée !

Piètre manœuvre de diversion : les Français sont en colère et contre l’Equipe de France et contre la réforme des retraites ? “Rien à foot” de la mobilisation des salariés ! Ils demandent du pain ? Il leur donne.. des Jeux !

Il n’y a guère qu’Accoyer et Luc Chatel pour défendre cette entrevue lis-je sur le NouvelObs Rencontre avec Henry : Accoyer et Chatel défendent Sarkozy. J’aurais bien du mal à déterminer lequel est le plus béni-oui-oui des deux !

Entre Bernard Accoyer qui estime que «ce n’est pas une perte de temps» et après avoir enfoncé le clou un peu plus sur la réforme des retraites : “Il faut arrêter de dire n’importe quoi. Le gouvernement est complètement mobilisé sur cette réforme. Ça fait des mois qu’il l’a travaillée, qu’il l’a préparée, qu’il a échangé avec les partenaires sociaux” – outre qu’il n’a jamais échangé quoique ce soit avec les partenaires sociaux, on se doute bien qu’ils sont tous mobilisés sur ce front, autant qu’en sens inverse nous le fûmes dans la rue ! - “C’est toujours les gouvernements de droite et du centre qui ont fait toutes les réformes pour sauver les régimes de retraites” et cette cerise sur le gâteau : “Où est l’inversion des priorités lorsque la facilité aurait été de dire on verra plus tard ?”

Précisément, le sens des priorités fait partie des choses bien trop compliquées à expliquer à des esprits aussi bornés !

Quant au Bécassin qui sévit à l’Educ-Nat et ci-devant porte-parole du gouvernement, aucune surprise : il est toujours parfaitement d’accord avec tout ce que font Sarko, le gouvernement et l’UMP, fussent de parfaites conneries, ce qui se produit en permanence et n’y trouve jamais rien à redire. En revanche, il prend à chaque fois la position d’un Candide, surpris par le déchaînement médiatique et politique qui manque rarement de les accompagner. Il ne «comprend pas» le débat ! S’il n’y avait que cela qui échappe à son entendement

:)

Cela vaut son pesant de cacahuètes. Déjà la syntaxe, plus qu’approximative laisse rêveur, surtout émanant du ministre de l’Educ-Nat ! Jugez du peu “J’ai du mal à comprendre cette polémique. Je sais que nous sommes les rois de la polémique, en France, c’est la polémique du jour. J’ai un peu de mal, pourquoi ? Parce que le président de la République d’abord, il reçoit qui il veut” et de poursuivre : “Ensuite il reçoit beaucoup de monde et tous les jours. Et puis, on ne peut pas dire que le président de la République n’ait pas montré de l’intérêt, de la considération, de l’écoute, à destination des salariés et des organisations syndicales.

Ah ! oui ? j’ai eu plutôt le sentiment inverse… «cause toujours tu m’intéresses» et poker menteur sur les intentions du gouvernement jusqu’à quasi le dernier moment. Fort démocratique culture du secret, comme d’hab : on nous fait un enfant dans le dos ! Il s’agit à l’évidence d’éviter la mobilisation. Mauvaise pioche : elle est à l’aune de la colère en découvrant l’ampleur des dégâts voulue par l’UMP et le Medef. La lutte “d’une” classe portée à son maximum : de la protection sociale faisons table rase !

Luc Chatel poursuit : «C’était hier le retour de l’Equipe de France et donc c’était l’occasion (…) si Nicolas Sarkozy n’avait pas reçu le footballeur, on aurait dit: ‘le président de la République se désintéresse du sujet de préoccupation numéro un, du moment, en l’occurrence, c’était le fiasco des Bleus. Et s’il le reçoit, on dit: ‘ce n’est pas son rôle de recevoir Thierry Henry. Donc j’ai bien compris, vous savez quand l’Equipe de France gagne, c’est grâce aux joueurs et quand elle perd, c’est la faute à Sarkozy (…) C’est ce que semble dire la presse”.

«Sujet de préoccupation numéro un» !

On ne saurait dire que Sarkozy ni Chatel aient le sens des priorités… J’aime le foot et m’y intéresse depuis l’enfance mais du Diable si je ne sais ce qui est le plus important ! Je ne me laisserai jamais enfumer par un Sarko qui pensait à l’évidence profiter de «l’effet Mondial» comme Jacques Chirac en 1998. Manque de pot pour lui, la conjoncture était totalement différente : la France profitait d’une “embellie” économique, une partie de la jeunesse était sortie du marasme grâce aux “emplois jeunes” – c’est bon pour le moral ! – et sous la houlette d’Aymé Jacquet, l’Equipe de France «black-blanc-beur» qu’il avait su reconstruire montrait cohésion et détermination. Je comprends aujourd’hui pourquoi Jacquet n’avait pas retenu Anelka : il avait dû mesurer sa personnalité rebelle à toute autorité de caractériel “border line”.

Mais Jacquet était un véritable patron exigeant et doué d’un vrai charisme, donc d’une autorité au bon sens du terme. Qui, contrairement à Raymond Domenech n’eût jamais accepté de servir de paillasson sur lequel les plus lamentables des Bleus ont essuyé leurs crampons.

Aussi fallait-y que Nicolas Sarkozy soit stupide et aveugle pour croire en une possible victoire tant il était évident que l’Equipe de France sous la houlette de Domenech – qui eût dû être remplacé dès 2006 et le lamentable Euro - s’enfonçait irrémédiablement depuis plusieurs années dans la médiocrité sinon la nullité la plus totale.

C’est bien pour cela que je ne suis pas d’accord avec Pascal Boniface qui dans une chronique de son blog du NouvelObs Sarkozy entraineur, joueur président ? affirme que Nicolas Sarkozy serait «un vrai fan de foot, pas de ceux qui ne viennent que pour les victoires. Sa passion pour le sport n’est pas feinte»… Il ne connaît pas cet olibrius : chez lui tout est n’est qu’UM/Posture, trompe-l’œil et faux-semblant.

Alors que par ailleurs Pascal Boniface analyse bien le fait qu’une nouvelle fois Nicolas Sarkozy se mêle de tout, déployant un activisme vibrionnaire ahurissant – s’agissant somme toute d’un jeu ! - quand bien même «le parcours des Bleus et plus encore leur attitude générale a choqué les Français et a terni l’image du pays à l’international». Guère plus scandaleux au demeurant et nuisible pour l’image de la France – et de son président ! - que la multiplication des «affaires», scandales et polémiques incessantes qui secouent la France !

Le fiasco des Bleus n’est qu’un épiphénomène mais révélateur en même temps de la grande déliquescence de la société. Qui a perdu nombre de ses valeurs. Humanistes au premier plan. Je veux bien que «le football ait pris une place centrale dans les faits de société. Le football, c’est plus que du football» il faut néanmoins savoir raison garder et ne pas mettre tout sur le même plan ! Le sort des humains et celui d’une trentaine de joueurs. Multimillionnaires, de surcroît.

Car outre la réception de Thierry Henry à l’Elysée au moment où deux millions de Français exprimaient véhémentement leur colère à l’égard de la réforme des retraites portée par Nicolas Sarkozy sur les fonts baptismaux des chantiers de la démolition sociale – la mère de toutes les réformes – j’ai été outrée en apprenant que pour recevoir Thierry Henry Nicolas Sarkozy avait annulé une réunion avec des ONG oeuvrant dans le développement, destinée à préparer le G20…

Selon le NouvelObs, leurs représentants – fort colère – ont été reçus par Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et Alain Joyandet, ministre de l’Outre-mer (surtout connu en ce moment pour être en délicatesse avec la justice pour son permis de construire établi sur des données totalement fausses !). Jean-Louis Vielajus, président de Coordination Sud, qui fédère des ONG françaises de solidarité internationale, était particulièrement indigné : «Pour le président de la République, recevoir un footballeur est plus important que la situation des trois milliards de pauvres des pays en développement C’est un très mauvais signal pour la politique de coopération de la France».

Aura-t-il – enfin ! – compris que Nicolas Sarkozy n’en a pas plus à secouer des pauvres du Tiers-Monde que des salariés français ? C’est d’ailleurs D. un copain de très longue date qui m’en avait parlé hier midi à l’Orangerie. Il était d’autant plus remonté contre Sarko qu’il dans travaille dans l’humanitaire et se rend fréquemment en Afrique… Il a exactement la même réaction que moi : vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, ce n’est plus seulement de la colère mais de la haine !

Je vis brièvement hier matin sa tronche de niais toujours satisfait de lui à la télévision (je ne sais plus si c’est sur i-télé ou BFM) et j’ai ressenti cette poussée de colère – je ne saurais dire comme certain si c’est l’adrénaline ou quelque autre hormone mais le résultat est là – et n’étant sûrement pas la seule il me semble qu’après les poupées à l’effigie de Sarko – et les aiguilles pour lui jeter un sort ! encore un bel attrape-nigaud marketing – un commerçant bien avisé se ferait des fouilles en or en vendant des punching-balls avec les têtes de Sarko, Fillon et Woerth… Bon dérivatif à la colère, faute de pouvoir aller leur casser la g… pour de vrai ! Je m’en voudrais d’ailleurs d’être gardée à vue et faire de la zon-zon pour pareils individus… De quoi se passer les nerfs tout en entraînant sa forme. Je ne serais sûrement pas la dernière à casser ma tire-lire !

Ne dites surtout pas que nous avons le président que nous méritons… qu’aurions-nous donc fait au Bon Dieu pour mériter pareille calamité ? C’est seulement le résultat de l’enfumage de la campagne électorale – pour ma part, j’avais bien calculé Sarkozy mais sans penser que «La France d’après» se révélerait aussi cauche-mardesque ! - et d’un peu plus de 3 % de cons qui auront fait la différence. Dont beaucoup s’en mordent les doigts jusqu’au sang mais c’est trop tard. Nous devrons boire la «Coupe» jusqu’à la lie à moins que précisément Dieu, dans son infinie bonté, ne daignât abréger nos souffrances ?

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