On est partis sans avoir vraiment compris ce qui se passait dans ce pays si différent du nôtre. On n'a pas visité les townships, pas côtoyé la misère ni la violence. Juste des pancartes qui délimitaient les plages, les bars, les restaurants entre noirs, blancs, et métis. C'est ce qui a emmerdé les législateurs sud-af : les métis. Le mariage mixte était interdit sous l'apartheid. Mais il y avait des accidents. On ne savait pas trop où mettre le bébé café au lait. Alors ils ont créé cet entre-deux, le statut du métis, du colored people.
Avec Pascal, on n'a rien vu. Rien compris de ce pays. Deux ados de passage. Juste des gars avec des flingues sous la veste. Des pancartes expliquant où s'installer sur la plage selon la couleur de sa peau.
« C'est comme ça ici. Mais tant qu'on reste à sa place, personne ne nous embête », nous a dit le père Patel quand on est partis. On s'est goinfré de samoosas géants. Dragué des blondasses dans des boîtes ultra-sécurisées. Emérveillé des vagues de Durban. C'est peut-être cette balade au pays du non sens qui m'a donné l'envie de devenir journaliste. 29 ans plus tard la coupe du monde au pays de Mandela. Un autre monde.
Quand on regardait la mer à Durban, Mandela regardait les murs de sa cellule. A la Réunion, les radios libres arrivaient...
François GILLET