Comment rencontrer le Prince charmant (1)
26 juin 2010
Il a vraiment fallu que Prince me fasse miroiter le prestige de la couronne pour que j’accepte de m’embarquer dans une relation à distance avec lui Sauf que ça ne s’est pas passé tout à fait comme ça…
Doux euphémisme : le mythe de ma rencontre avec Prince et de la poursuite effrénée qui s’est ensuivie m’a valu le surnom flatteur de « bulldozer » – surnom qui me colle depuis inexplicablement à la peau. Tout ça pour dire que je n’ai pas vraiment fait dans la finesse.
Reprenons : tout commence en échange universitaire Erasmus à Varsovie, en Pologne, il y a huit ans. Une trentaine de jeunes occupe le premier étage d’un bâtiment grisâtre rescapé du communisme, à proximité de la fac d’économie où nous passons entre zéro et douze heures par semaine, selon le niveau de motivation. Car nous n’avons pas tous les mêmes raisons d’être là :
- Officiellement, je suis là pour mieux connaître mes origines (je suis moitié française, moitié polonaise), passer du temps avec ma famille, et améliorer mon polonais. Officieusement, je suis là pour soigner mon petit cœur brisé par un faux Prince (je suis moitié déprimée, moitié surexcitée d’être célibataire), passer du temps avec des inconnus (pardon, d’autres jeunes européens) et m’améliorer en shots de vodka bon marché.
- Prince, ayant misérablement planté les entretiens de sélection, a obtenu son cinquième choix : Varsovie. En inscrivant ce nom en-dessous de Copenhague, Bologne, Barcelone et Berlin, il se disait probablement que ça ne l’engageait pas à grand-chose. Pas de bol.
- Le reste de nos petits camarades d’échange sont, dans leur grande majorité, plus intéressés par les boîtes de nuits, les Polonaises (la première phase qu’ils apprennent en polonais est « T’as de beaux yeux, tu sais ». En VO, le ridicule ne tue pas) et la fameuse vodka bon marché, que par la découverte du pays qui les accueille.
Autant dire que ces cinq mois d’échange ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. A la Toussaint, nous en avons le cœur net : trois mois de nuits qui tombent à 14h45, cela suffira amplement. Nous demandons – et obtenons – de ne pas revenir après les vacances de Noël. D’ici là, il s’agit donc d’en profiter le plus possible de la richesse du pays et de l’ouverture culturelle que nous offre un échange universitaire européen.
Pour moi, cela signifie accumuler des centaines de parties de Démineur, avachie sur mon lit. En effet, après la frénésie des débuts (Tous ces spécimens masculins ! Autant de Princes potentiels !), j’ai rapidement déchanté. Je passe maintenant le plus clair de mon temps enfermée dans ma chambre, à l’écart du grand raout multi-culturel.
C’est pourquoi, lorsque Guillaume, un ami d’amie, m’annonce qu’il débarque pour quatre jours de son propre échange à Copenhague, je suis quelque peu prise de court : tiraillée entre l’asociabilité dans laquelle je me complais, et la crainte de passer pour une ermite finie.
Bon an, mal an, j’accueille mon « invité » avec le sourire. Mais, très vite, mes pires soupçons se confirment : Guillaume n’aime pas jouer au Démineur toute la journée dans la chambre. Guillaume aime sortir, parler aux gens et faire la fête. Rapidement épuisée par tant de dynamisme et d’ouverture aux autres, je consens néanmoins à faire un effort pour LA toute dernière soirée de notre échange (j’en entends qui murmurent, au fond « la soirée de la dernière chance »). Quand Guillaume s’exclame d’un ton décidé, mais qui ne masque pas complètement son inquiétude :
- Une soirée ? Génial ! On y va, hein ?
je ne peux que répondre du tac au tac, petit sourire en coin :
- Bon, ben tant qu’à sortir, je vais m’amuser un peu…
C’est ce soir-là que Prince a croisé la route d’un bulldozer.
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