Rome, regards.

Publié le 26 juin 2010 par Perce-Neige

Au début des années soixante-dix, Rolf Dieter Brinkmann séjourne à Rome. Il en ramène trois cahiers de voyage qui se lisent comme le témoignage « d’une pensée au travail » et « d’un combat avec les mots pour faire exploser la langue de l’intérieur. » Bref, rien de superflu, bien au contraire… Ces brefs extraits, d’un ouvrage absolument passionnant (« Rome, regards » Quidam Editeur): « (Le moteur d'une Fiat hurle quelque part en contrebas: c'est fou, tout ce qu'ils appellent vivre). Du bruit, autant que faire se peut, vrombissements de moteur, flippers, permanentes, agiter les membres, néons, acheter, payer, filer comme une flèche à tel endroit, se réajuster les bijoux de famille dans des pantalons étroits, mettre un disque dans le juke-box, allumer le téléviseur, faire des gestes feuilleter des illustrés, nouveau boucan. » Puis plus loin : « (des pensées pour toi, pour Robert, de temps à autre, par intermittence, en marchant, en rentrant, à 1200 km, à Cologne, dans une rue latérale, au quatrième étage d’un immeuble locatif, que faites-vous en ce moment ?:) »Et puis, ceci, enfin : « Bien après, après toutes ces allées et venues au téléphone, la seule chose que je puisse dire est que je ne vois plus l’intérêt de t’écrire et te faire des comptes-rendus plus longtemps. A quoi bon ? A quoi ça sert ? Et à qui ? Toi ? Moi ? Cette longue lettre est tout aussi superflue que tout le reste. J’abandonne là. »