Orgon et Cavaillon sont des villes très anciennes. On les trouve citées dans des documents du douzième siècle pour Orgon et du quatrième pour l’ancienne Cabellion. Cavaillon est une petite ville d’à peine 25.000 habitants, « opulente, elle s’étale dans la vallée de la Durance » à deux doigts du Parc naturel régional du Luberon. Ancienne ville de calcaire, de soie et d’église, Cavaillon fut impliquée dans la croisade des Albigeois (en l’an 1208). Aujourd’hui la ville s’est embourgeoisée. Elle vit dans la paix et demeure le premier marché fruitier et maraîcher de France. Quant à Orgon c’est plus une bourgade qu’une ville. Elle s’est développée autour de son château. Elle est la patrie du poète Antoine Pomme. Ses prétentions à devenir la capitale mondiale du carbonate de chaux sont tenaces. Ses trois mille habitants, pièces rapportées comprises, en sont assez fiers. Orgon et Cavaillon comme nombre d’autres villes et villages de la région distillent depuis la nuit des temps nonchalance et poésie. Ces gros villages somnolent trois saisons, stridulent, chantent et dansent le reste du temps. Marseille la capitale régionale se situe à une heure de route.
Je suis donc formateur dans un centre de formation alternée à Cavaillon dont le nom est « Sud Formation ». Je suis le référent d’une action qui s’intitule « Formation linguistique de base » et qui dure environ neuf mois.
Maintenant j’en viens à ce journal. D’emblée il me faut préciser qu’il n’est pas dans mes habitudes de noter mes faits, mes gestes. Tenir un journal intime pour appeler à l’aide ou pour laisser une preuve de mon passage sur cette terre est si loin de moi. Cela ne me ressemble pas. Comme chaque formateur je dispose d’un agenda dans lequel je porte toutes sortes d’informations concernant mon travail : le contenu de la formation, les préoccupations des stagiaires, les comptes-rendus de réunions, les critiques… enfin toutes informations que je considère utiles à mon travail. Mais cet agenda est insuffisant. Il ne peut contenir à la fois ces informations-là qui relèvent d’un quotidien professionnel très ordinaire et des états d’âme et des sentiments le plus souvent violents que j’éprouve depuis quelques jours et qui m’acculent dans des limites que je n’ai jamais auparavant effleurées.
Editions Edilivre, juin 2010.
A suivre...